La guerre à Gaza s’est invitée aux deux marches de la Fierté dimanche
Des manifestants ont confronté le contingent d’un groupe pro-Israël qui a récemment été réinvité à participer au défilé
Zoé Arcand et Olivier Faucher
Après des semaines de controverse avec en trame de fond la guerre à Gaza, plusieurs milliers de personnes ont célébré dimanche la fierté LGBTQ+ à Montréal en prenant part aux différentes marches organisées dans la métropole.
«Je suis ici parce que les droits des personnes LGBTQ+ ne sont pas acquis. Ça vient vraiment me toucher», a expliqué Ariane Turcot, visiblement émue par la marche dansante qui défilait devant elle vers 13h.
Avec deux amis, elle se joignait aux milliers de personnes massées sur le boulevard René-Lévesque, à Montréal, pour assister au défilé officiel de Fierté Montréal.
Environ 150 000 personnes ont pris part au défilé officiel, selon les premières estimations de Fierté Montréal, une baisse par rapport aux 180 000 participants de l’an dernier. Les organisateurs pointent du doigt la chaleur. Dans l’ensemble, l’air était à la fête malgré la température écrasante.

Perturbation et controverse
Mais les tensions entourant la guerre à Gaza se sont invitées à la fête vers la fin de l’évènement, alors que les chars allégoriques défilaient toujours.
Une poignée de manifestants portant des drapeaux palestiniens se sont interposés dans le défilé près du contingent du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), qui vise notamment à «renforcer l’amitié Canada-Israël», et de son partenaire, le groupe LGBTQ+ Ga’ava.
Ces derniers avaient été exclus du défilé plus tôt cet été en raison de «propos haineux», avant d’y être réinvités il y a moins d’une semaine. Entre-temps, le président du Conseil d’administration du festival avait démissionné pour des «raisons personnelles», avant d’être remplacé.
«Il n’y a pas de fierté dans le génocide», s’exclamaient les manifestants, faisant des signes de paix de leurs mains. En quelques secondes, la brigade antiémeute du SPVM leur a arraché drapeaux et banderoles et les a poussés hors de la parade, qui a pu continuer sans problème.

Les militants ont continué de manifester en périphérie du défilé avant de se reculer, brandissant cette fois des doigts d’honneurs.
La police a toutefois arrêté une femme de 35 ans pour agression armée après qu’elle eut lancé un «objet avec du liquide», a indiqué Manuel Couture porte-parole du SPVM.

Au défilé pour la visibilité
David Dupuis, un autre militant a choisi de participer au défilé en portant un chandail à l’effigie du drapeau palestinien plutôt que de prendre part aux perturbations.

«J’ai marché tout le long, a-t-il lancé, tout sourire. Malgré le manque de sincérité des corporations qui financent le défilé, je sais que c’est là qu’on a le plus de visibilité et que c’est le meilleur moyen de rejoindre les non-initiés aux enjeux qui entourent la Palestine», a expliqué celui qui ne condamne pas pour autant ce qu’il qualifie de «désobéissance civile».
«Je ne voulais pas prendre le risque qu’on me retire et donner l’impression qu’on ne peut pas avoir ces conversations-là», a-t-il ajouté.
Marche alternative
Des milliers de personnes ont plutôt choisi de participer dès 14h à la première édition de la «Fierté indomptable», une marche alternative organisée notamment par des bénévoles issus d’organismes ayant rompu leurs liens avec le festival officiel.
Cette manifestation se voulait une solution de rechange pour «retourner aux racines militantes» de la Fierté et dénoncer la présence au défilé officiel d’entreprises «qui financent des guerres, des occupations et des pipelines», selon le communiqué des organisateurs.
À la Fierté indomptable, les drapeaux de la Palestine étaient omniprésents, alors qu’aucun contingent n’en brandissait au défilé officiel.
Hussam Sabouni, un manifestant, croit qu’il est important de lier la cause des droits des communautés LGBTQ et la cause palestinienne.

«C’est historique ce qui se passe, et la cause palestinienne devient une cause pour toutes les minorités et peuples qui luttent pour leur liberté», estime-t-il.