Le déclin de la pêche à la crevette se confirme
Alexandre Cantin | TVA Nouvelles
L’avenir de la pêche à la crevette est incertain. Les stocks sont en constante diminution depuis plus de 10 ans. Les rares pêcheurs qui sont sortis en mer depuis l’ouverture de la pêche le premier avril constatent encore cette année la rareté du petit crustacé.
• À lire aussi: Pêche au crabe : les pêcheurs restent à quai sur la Côte-Nord
• À lire aussi: Déversement d'hydrocarbure dans le port de Sept-Îles
Depuis six jours, le capitaine Sylvain Bujold sillonne le grand banc de Sept-Îles: «Elle ne se tient pas aux mêmes places qu’avant. On dirait qu’il n’y en a pas aussi, c’est ça le problème».
Les chaluts des crevettiers ne récoltent plus qu’une fraction des prises d’autrefois. La taille des crustacés diminue.
«C’est rendu difficile. Anciennement, on faisait des nuits de 10 000 livres. Là, on gratte toute une journée pour en ramasser 3000.»
Un autre pêcheur, Roberto Desbois, vit lui aussi un début de saison catastrophique. «La crevette diminue au nord d’Anticosti. Dans Sept-Îles, c’est incroyable la baisse.»
Seuls trois des 36 crevettiers du Québec ont pris le large depuis l’ouverture de la pêche. Leurs clients, des poissonneries et commerces de Sept-Îles se sont partagé une maigre récolte jusqu’à présent. Les autres pêcheurs qui alimentent principalement les 3 usines de transformation de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent attendent le 20 avril pour sortir en mer. Leur association et les propriétaires d’usines sont actuellement en négociation du prix au débarquement.
«On est en mode survie, a indiqué le directeur général de l’office des pêcheurs de crevettes du Québec, Patrice Element. L’an passé, on se disait qu’on était dans un mode de partage de pertes. Ça risque d’être encore un peu la même chose cette année. On a une compréhension commune des conditions. Dans le contexte où c’est un marché très difficile, on est encore à une certaine distance d’une entente.»
Avec des coûts en carburant très élevés, les crevettiers craignent le jour où il ne vaudra plus la peine de sortir les chaluts.
«Les belles années sont passées», a constaté Sylvain Bujold.
La biomasse des crevettes diminue de façon constante depuis 10 ans dans le golfe Saint-Laurent dû au réchauffement de la température des eaux profondes, la diminution de l’oxygène et la prédation par le sébaste.
«Les facteurs qui sont négatifs pour la crevette vont demeurer. Dans les prochaines années, on ne prévoit pas d’amélioration à court terme pour nos stocks de crevettes», a indiqué le biologiste de l'Institut Maurice-Lamontagne, Hugo Bourdages.
Le directeur de l'Office des pêcheurs Patrice Element n'est pas optimiste: «On va peut-être tomber à un seuil où ce ne sera pas intéressant pour des gens d’aller à la pêche».