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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Le déclin de l’empire américain de Donald Trump

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Photo portrait de Sophie Durocher

Sophie Durocher

2025-05-06T23:00:00Z
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J’ai un scoop pour vous: le prochain film Mission impossible avec Tom Cruise sera entièrement tourné à Epcot, la section des pavillons internationaux de Disney World en Floride.

Tom Cruise escaladera la fausse tour Eiffel du pavillon français. Puis, il circulera en moto au milieu des fausses ruelles en carton-pâte du pavillon italien. Que voulez-vous? Trump a décidé que tous les films américains devraient être made in USA et qu’il allait imposer les films produits à l’étranger à raison de tarifs de 100%. Dans le MIT (Monde imaginaire de Trump), les films faits à l’étranger «menacent la sécurité nationale». Mais le président américain est un mauvais tireur. En pensant tirer sur l’ennemi, il se tire dans le pied.

Du gros n’importe quoi

Je vous donne un exemple de l’absurdité de la décision de Trump.

Cette semaine, le président américain a décrété que les États-Unis allaient dorénavant célébrer le 8 mai comme une fête nationale, le jour de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Il a déclaré: «Beaucoup de nos alliés et amis célèbrent déjà le 8 mai», mais l’Amérique doit faire de même, car «nous avons fait plus que tout autre pays, de loin, pour obtenir un résultat victorieux».

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Trump se pète les bretelles comme s’il n’y avait que les Américains qui avaient combattu les nazis, un affront pour les soldats canadiens morts en Normandie, entre autres.

Mais si Trump est si fier du rôle joué par les United States of America, j’ai une petite question pour lui.

Lors des célébrations du 8 mai, quels films voudrait-il que l’on montre pour souligner l’exceptionnelle contribution américaine à la victoire? Ceux tournés en Allemagne, en France, en Pologne... ou ceux tournés au Wyoming et au Kansas? Comment peut-on parler de la gloire américaine dans la victoire sans montrer les ravages du nazisme... en Europe?

Saving Private Ryan (Il faut sauver le soldat Ryan) (1998) est un des films les plus puissants que j’aie vus sur le débarquement, le fameux D-Day. J’ai encore des frissons chaque fois que je pense au visage des jeunes soldats américains morts de trouille devant les tirs allemands. Le film a été tourné en Irlande et en Angleterre.

The Longest Day (1962), mettant en vedette Sean Connery, Robert Mitchum, Henry Fonda et John Wayne, portait aussi sur le débarquement. On ne peut pas imaginer plus belle brochette de vrais héros américains. Il a été tourné à Sainte-Mère-Église, Cricqueville-en-Bessin, au château de Chantilly, en France.

Pourtant, ces deux films auraient été frappés d’un tarif de 100% s’ils avaient été réalisés aujourd’hui. Et Schindler’s List? Et les innombrables films sur Pearl Harbor?

La question qui tue

Mais pourquoi Trump agit-il ainsi?

Pour Roger Frappier, le producteur du Déclin de l’empire américain (film de Denys Arcand), Trump est simplement fâché que le milieu hollywoodien ait été prodémocrates aux dernières élections.

C’est une explication.

Peut-être aussi que Trump n’a jamais pardonné au milieu du cinéma d’avoir produit l’excellent film The Apprentice, qui retrace son parcours de façon machiavélique.

Ou peut-être qu’il y a une explication plus simple. Ce que Trump n’aime pas dans la notion de film fait à l’étranger, c’est le mot «étranger».

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