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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Commémoration du débarquement de Normandie: il y a 80 ans, Paris était aussi libérée par des Québécois

Domaine public
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Martin Lavallée

2024-06-01T04:05:00Z
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Il y a 80 ans, le 6 juin 1944, les Alliés débarquaient sur les plages de Normandie. L’objectif: ouvrir un nouveau front à l’ouest pour combattre l’armée allemande d’Adolf Hitler et, ultimement, libérer l’Europe.

Le débarquement et la bataille de Normandie ont fait des milliers de morts parmi les Alliés, mais ont aussi permis de libérer Paris au mois d’août de la même année. L’opération Overlord, plus grande opération amphibie de l’histoire, a ainsi marqué un tournant qui a contribué à la déroute nazie sur le continent européen.

LE RÔLE MÉCONNU DES QUÉBÉCOIS

Au cours de ces événements marquants du 20e siècle, le rôle qu’ont joué la France libre du général de Gaulle, les Britanniques, les Canadiens et les Américains est bien connu. Toutefois, on ne peut en dire autant du rôle qu’ont joué les Québécois. Ceux qu’on appelait à l’époque des Canadiens français ont majoritairement été opposés à la conscription dans les années 1940. Ce refus de l’enrôlement obligatoire a occulté le fait que des milliers d’entre eux ont tout de même été volontaires et ont participé à l’effort de guerre entre 1939 et 1945.

Dans son récent ouvrage intitulé Des Québécois en Normandie, l’historien Frédéric Smith a entrepris de sortir de l’ombre le rôle des Québécois en mettant en lumière leur contribution dans le débarquement et dans les combats de la bataille de Normandie. Il nous rappelle ainsi que quatre unités de combat entièrement québécoises ont combattu lors de cette opération cruciale du 2e conflit mondial: les régiments de la Chaudière et de Maisonneuve, les Fusiliers Mont-Royal et le 4e Régiment d’artillerie moyenne. Plusieurs Québécois francophones ont également combattu au sein d’unités anglophones de l’Armée canadienne durant cette bataille décisive.

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UN DEVOIR DE MÉMOIRE COLLECTIF

Smith, qui travaille depuis vingt-cinq ans à la mise en valeur de l’histoire et du patrimoine dans la région de Québec, s’intéresse également à l’histoire militaire et au rôle des Québécois francophones durant la Deuxième Guerre mondiale. Il s’agit pour l’historien d’un «devoir de mémoire» collectif consistant à se remémorer l’apport et le sacrifice des gens de chez nous qui ont participé à ce conflit.

Le pari est bien tenu et donne un agréable récit au sein duquel on suit chronologiquement l’avancée des troupes alliées – particulièrement des quatre régiments québécois – entre le débarquement du 6 juin et la libération de Paris, le 25 août 1944. L’originalité du livre repose sur les différents parcours individuels de Québécois mis en scène au fil du récit et qui permettent au lecteur, grâce à une habile narration ponctuée de témoignages des protagonistes, de s’imprégner de la réalité vécue sur le terrain. On s’y croirait parfois...

Le cas du lieutenant Philippe Rousseau, parachutiste tué dans une embuscade allemande le matin du 6 juin 1944, est particulièrement intéressant. Premier soldat canadien-français mort dans le débarquement de Normandie, diverses hypothèses ont longtemps circulé sur les circonstances de son décès. Certaines soutenaient que Rousseau était tombé en parachute sur des lignes à haute tension. Le témoignage d’un soldat et le dépouillage des archives de la famille Rousseau ont permis à Frédéric Smith d’éclaircir les faits.

Photo du lieutenant Philippe Rousseau, le premier soldat canadien-français tué le matin du 6 juin 1944.
Photo du lieutenant Philippe Rousseau, le premier soldat canadien-français tué le matin du 6 juin 1944. Mémorial virtuel de guerre du Canada

Plusieurs autres Québécois figurent parmi les parcours individuels mis de l’avant dans l’ouvrage, dont les anciens premiers ministres Paul Sauvé et René Lévesque. Le premier à titre de major des Fusiliers Mont-Royal et le second comme correspondant de guerre. Le livre se veut ainsi un hommage à tous ces Québécois qui ont contribué, parfois au prix de leur vie, à l’un des événements mondiaux les plus déterminants du 20e siècle.

Quelques semaines après le débarquement de Normandie, lors de la libération de Paris, le général de Gaulle a prononcé cette phrase qui est restée célèbre: «Paris outragé! Paris brisé! Paris martyrisé! Mais Paris libéré! Libéré par lui-même, libéré par son peuple [...]»

Après la lecture de l’ouvrage de Frédéric Smith, on est tenté d’ajouter ces quelques mots à la citation du général: «Libéré aussi par des Québécois!»

L’ouvrage de Frédéric Smith contribue à mettre en lumière le rôle de différents Québécois, hommes et femmes, lors des combats en Normandie en 1944.
L’ouvrage de Frédéric Smith contribue à mettre en lumière le rôle de différents Québécois, hommes et femmes, lors des combats en Normandie en 1944. Éditions du Boréal

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