Le criminel forcé de vendre sa garderie s’implique toujours en coulisse

Le ministère de la Famille a accepté sans broncher qu’un propriétaire de garderie condamné au criminel cède son service de garde à son épouse, croyant à tort qu’il ne serait plus impliqué dans l’entreprise.

Un document obtenu par notre Bureau d’enquête indique en effet que Alain Sarrapuchiello a été impliqué dans l’administration de la garderie après son transfert. 

L’homme a été reconnu coupable d’un vol de 45 000$, en janvier 2022, alors qu’il dirigeait l’établissement subventionné de Montréal.

Le ministère, qui avait appris cette condamnation des mois plus tard, avait finalement forcé le criminel à vendre son entreprise ou encore à mettre la clef sous la porte, révélait en avril dernier notre Bureau d’enquête.

À sa femme

Or, Sarrapuchiello a simplement passé le flambeau à sa femme, qui occupait déjà le poste de directrice de l’établissement. Évoquant la confidentialité du processus, le ministère de la Famille n’a pas voulu mentionner si la garderie avait été vendue ou donnée.

Ainsi, Leyla Meziane-Bellefquih est depuis le 5 juin la seule actionnaire et administratrice de la garderie Le petit monde de Sophia, située dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, confirme le Ministère. 

«À partir de cette date, monsieur Sarrapuchiello n’est plus autorisé à agir au nom de la garderie», ajoute-t-il.

Encore impliqué

Mais deux jours plus tard, le 7 juin, Sarrapuchiello a signé de sa main une demande de dérogation mineure destinée à la Ville pour le compte de la garderie, peut-on constater dans le document que nous avons obtenu. 

M. Sarrapuchuiello a refusé notre demande d’entrevue et nous a dirigés vers son avocat. Ce dernier explique que son client a signé ce document parce qu’il avait lui-même entamé les démarches auprès de la Ville il y a plusieurs mois. De plus, contrairement au ministère, l’avocat juge que son client était habilité à agir pour le compte de la garderie jusqu’au 12 juin, date où le transfert aurait été «finalisé», selon lui. 

«Le Ministère prend au sérieux ces allégations et fera des vérifications», a indiqué une porte-parole.  

«Jouer le système» 

En avril dernier, la ministre de la Famille, Suzanne Roy, avait déploré les stratagèmes utilisés par Sarrapuchiello, qui avait tardé à donner suite aux demandes du ministère dans la foulée de sa condamnation criminelle. 

«[Sarrapuchiello] a joué à l’intérieur de la loi. C’est ce que j’appelle: jouer le système. Ça, ça n’arrivera plus», avait-elle promis. 

Malgré les subterfuges dont il a été victime, le ministère a accepté que Sarrapuchiello transfère la garderie à son épouse, tout en précisant qu’un suivi serré serait effectué.