Le court règne de Pablo a fait mal au PLQ

Rémi Nadeau – analyse
Le désastre est total. En six mois, le passage de Pablo Rodriguez au PLQ et sa chute brutale, à cause de mauvaises pratiques de financement, auront causé un tort immense au parti, en plus de signer la fin de sa carrière politique.
Le chef libéral a d’abord été coulé par son insouciance extrême.
Il a mené une course au leadership en amenant avec lui son clan d’Ottawa, sans s’assurer que ses supporteurs respectaient les règles et les bonnes pratiques en matière de financement.
Puis, après les premières allégations touchant sa campagne, il a minimisé et mis en doute le travail des médias, les menaçant de poursuite, et expulsé l’excellente députée Marwah Rizqy qui avait pourtant agi comme lanceuse d’alerte.
Toutes ces mauvaises décisions ont fait la démonstration d’un manque de jugement comme chef.
Beaucoup d’argent
Peut-être ne savait-il rien du fling flang entourant sa course, les brownies, les prête-noms, mais si c’est le cas, c’est qu’il a fait preuve d’aveuglement.
L’argent rentrait allègrement.
Avec une cagnotte de 322 000$ amassée provenant de 836 donateurs, cela représente une moyenne étonnamment élevée de 387$ par personne.
Il n’a pas posé de questions?
Non seulement Rodriguez n’avait pas les mains sur le volant, les apparences lui importaient peu.
Il a versé 20 000$ à sa conjointe avec l’argent de sa campagne pour la location d’un local lui appartenant, et il a fallu que la nouvelle sorte publiquement avant qu’il n’admette que c’était une erreur.
Il a distribué des sommes de 1000$ à ceux qui avaient travaillé «bénévolement» pendant la course, eux qui avaient aussi reçu des indemnités de départ lorsqu’ils avaient démissionné de leurs postes au sein de son cabinet à Ottawa.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Francis Gosselin, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Un dernier rempart... de boucane
Le chef en déroute a préféré donner un spectacle, vendredi dernier au Parlement, plutôt que de faire face à la réalité.
«Tcheckez-moi ben aller», a-t-il presque crié devant des journalistes médusés, comme s’il espérait faire assez de boucan pour masquer le défilé de raisons le poussant vers la porte, de l’intervention de l’UPAC jusqu’aux sorties publiques d’anciens députés et ministres.
Il n’avait d’autre choix que d’annoncer sa démission finalement, mercredi après-midi, lors de la réunion virtuelle de son caucus.
En matinée, des députés confiaient à micro fermé qu’ils réclameraient son départ s’il ne prenait pas lui-même la bonne décision.
Pour l’instant, les enquêtes en cours touchent uniquement sa campagne.
Résultat, l’image du PLQ est entachée à nouveau, à travers lui, après un très long purgatoire ayant suivi l’ère Charest–Couillard.
Comme un cauchemar revenu le hanter, le parti est à nouveau associé à de mauvaises pratiques de financement.
Difficile dans les circonstances de convaincre des personnalités de confirmer leur candidature, d’amasser des dons, et de mettre sur les rails une alternative solide en vue de l’élection qui approche.
Un nouveau chef permettra un changement d’air.
Mais pour bien des électeurs, le dernier mois a été révélateur de mauvaises pratiques encore vivantes dans la famille libérale.
Le mal est fait.