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L'article provient de TVA Nouvelles
Culture

«Le country, c’est en dedans, tu l’as dans tes veines»: Paul Daraîche, 78 ans, et Matt Lang, 34 ans, échangent sur la musique qui les passionne

Bruno Petrozza / TVA Publication
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Photo portrait de Sarah-Émilie Nault

Sarah-Émilie Nault

2025-06-07T05:00:00Z
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À 78 ans, Paul Daraîche, qui est l’un des pères de la musique country au Québec, s’apprête à sortir son 33e album en six décennies de carrière. De son côté, Matt Lang, 34 ans, qui représente la nouvelle génération du country alliant musique rock, multiplie les projets au Québec et aux États-Unis, et vient de remporter un billet d'argent pour 25 000 billets vendus (en moins d'un an) de sa tournée All Night Longer. Le Journal a eu l’idée de les réunir pour les entendre discuter de leur passion commune: la musique country.

Bruno Petrozza / TVA Publication
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Messieurs, est-ce que vous vous connaissez bien?

Matt: «On est des amis. On a fait quelques trucs ensemble, on s’est croisés souvent!»

Paul: «On a chanté ensemble ma chanson À ma mère à l’émission En direct de l’univers de P.A. Methot».

Matt: «Je venais de perdre ma mère en plus. Je l’ai dit à Paul avant le show. Il me réconfortait en me disant: ça va être correct. Ma mère aimait beaucoup la chanson, et moi aussi d’ailleurs. Ça fait longtemps que j’écoute du Paul Daraîche. Je travaillais dans une radio à Maniwaki et je faisais tourner du Paul, je devais avoir 18 ans. J’ai grandi avec sa musique.»

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Justement Matt, que représente Paul Daraîche pour toi?

«Même si je suis du côté anglophone et plutôt dans le country plus américain, mon grand-père, mon père et moi on est tous des fans de Paul, de Renée Martel et de Patrick Norman. Ce sont eux qui ont défriché la trail pour nous autres au moment où le country était très boudé et considéré comme quétaine. Je tripais quand je l’ai rencontré pour la première fois! C’est un peu un emblème pour beaucoup de gens. Tu vois que c’est un gars qui est simple. J’aime sa musique, mais j’aime aussi l’être humain.»

Paul, parlez-moi de ce «petit nouveau» dans la famille country, Matt Lang.

«Comme il le disait, son new country est du rock, en plus c’est en anglais, donc il y a deux batailles. J’en écoute plein, d'artistes de new country, et Matt est mon préféré. C’est le meilleur de la gang! J’aime bien ce qu’il fait. J’aimerais bien l’entendre sur une moitié d’album en français, pour aller chercher le monde qui ne comprend pas l’anglais. Le new country punche plus, est beaucoup plus rock. J’ai hâte de l’entendre en français! Les jeunes, il y en a plusieurs qui arrivent avec la tête enflée, mais pas Matt.»

Bruno Petrozza / TVA Publication
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Quelles sont les différences entre le vieux country et le nouveau country selon vous?

Matt: «Le country est simple et authentique. Mon country est très festif. Mon show est une expérience complète. Les gens veulent voir de la pyrotechnie et du rock. Mais je veux aussi avoir du traditionnel, c’est important pour moi. Les gens oublient parfois que le country est tellement rendu large que le monde oublie un peu les racines. La ligne de ce qui est country ou pas est très difficile à définir.»

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Paul: «C’est dans la mélodie et les textes. Ça englobe les vieilles valeurs: la famille, notre femme, nos enfants, le fait de rester ensemble. C’est authentique.»

Matt: «Je suis d’accord. Il y a une sonorité aussi qu’il faut qu’on garde.»

Paul, que pensez-vous de l’arrivée des nouveaux et jeunes artistes country?

«Les nouveaux artistes country, ça ne me dérange pas ben ben, car mon temps est fait. J’ai gagné mon monde. Que je fasse n’importe quoi, ça va marcher. J’ai un bon band, je donne un bon show et j’ai mes enfants avec moi: mes deux filles et mon gars, Dan, qui va lancer un premier album cette année. C’est une manière de rafraîchir tout cela (rires). La famille sur scène, ça, c’est country! Par contre, les chanteurs pop qui, parce que le country marche, s’en viennent vers le country, ça, j’aime moins ça.»

Le country est de plus en plus populaire (festivals, nouveaux artistes, artistes plus âgés) qui ressortent des albums. Pourquoi?

Matt: «Le country s’est élargi, car les artistes un peu pop viennent dans le country. Cela ouvre beaucoup de portes. La vague country, je pense que c’est parce que le monde aime cela, sortir, s’acheter des bottes, aller à un festival comme LASSO. C’est partout.»

Paul: «En effet, le country est en santé. Le country revient toujours à la surface, car c’est la musique du peuple. Ce que j’écris, c’est ce que tu penses. Je te touche quelque part. Avec la chanson À ma mère: tout le monde a une mère. Je touche tout le monde.»

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Bruno Petrozza / TVA Publication
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Paul, est-ce que les jeunes artistes country viennent vers vous pour des conseils?

«Il y en a quelques-uns. J’aime ça quand des jeunes viennent me voir et me demandent de leur écrire des chansons. Mon conseil, c’est la persévérance. Il ne faut jamais que tu lâches. Il n’y a pas de rêves qui sont irréalisables. Moi, j’ai fait des choses impossibles! J’ai chanté avec mes idoles, les grands chanteurs français. Wow, ça, c’était impossible! »

Avez-vous le sentiment qu’il y a de la place pour tout le monde dans le monde du country au Québec?

Matt: «Je pense que oui, mais c’est beau de dire que tu veux faire de la musique, country ou autre, il faut travailler fort et le faire parce que c’est une passion. Si tu veux être dans la game, il faut que tu te lèves et que tu te couches en pensant à la musique. Moi, j’ai pris de gros risques (dont financiers) dans ma carrière. Je n’ai jamais lâché, c’est ma passion. Je travaille pour constamment me surpasser.»

Paul: «Ça prend beaucoup de discipline. C’est du travail! Moi aussi, je veux que chaque album soit meilleur que celui d’avant.»

Un spectacle de vous deux, sur scène un jour, ce serait envisageable?

Paul: «Je pourrais faire sa première partie (rires)! Mais oui, absolument. Tout peut arriver.»

Matt: «Oui, on a toujours eu du fun ensemble. On ne sait jamais. On serait tous les deux bien ouverts à cela et je sais que cela irait rejoindre bien du monde. 

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Paul: «On se dit qu’on se paye la traite en ce moment, parce que le monde pop a tellement ri de nous autres! Quand on les voit arriver, on se venge un peu, rien de méchant, mais c’est drôle (rires). J’ai fait un album en duo et tous les grands artistes pop sont là en duo avec moi.»

Bruno Petrozza / TVA Publication
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Paul, vous vous voyez comme un précurseur?

«Je le sais, que j’ai défriché le truc, car cela fait 60 ans que je suis là. Je me suis fait niaiser en masse, un peu comme Willie Lamothe à ses débuts. Quand c’est notre passion, on s’en fout, on continue et on espère que ça va changer à un moment donné. C’est arrivé, tout le monde a finalement décidé d’embarquer, et maintenant, c’est une douce revanche (rires). Moi, tant que je suis en forme, je vais continuer à faire des chansons et des spectacles. Il n’y a pas de retraite pour nous autres. On va mourir sur le stage

Quelle est votre relation avec le public et les admirateurs qui vous suivent?

Paul: «Deux, trois fois par mois, je vais chanter pour les malades. Ce sont mes fans qui m’ont suivi tout le temps et qui sont en fin de vie. Ils veulent me voir. Je vais à l’hôpital, dans les maisons de soins palliatifs et aux funérailles quand ils sont morts. Ça fait 40, 50 ans qu’ils me suivent, pour eux, c’est super important. Le monde cogne aussi souvent à la maison pour des autographes, des chansons et même faire signer des guitares. Je les reçois. C’est important depuis toujours, mon public.»

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Matt: «Oui, c’est important d’être reconnaissant envers qui t’a aidé à te rendre où tu es. Après les spectacles, je vais tout le temps prendre le temps d’aller voir mon public, de prendre des photos et de signer des autographes. Tout le temps.»

Matt, tu as de beaux projets aux États-Unis. Es-tu nerveux en ce moment avec tout ce qui se passe avec Trump? [Matt Lang a récemment signé trois contrats majeurs aux États-Unis]

«Ça va bien. Moi, je ne suis pas politicien, je suis un gars qui fait de la musique et la musique est universelle. J’ai travaillé toute ma vie pour me rendre là, alors j’ai compris que je n’ai pas à être gêné de cela. J’amène ma culture et ma langue partout où je vais. Ça ne me stresse pas. Ça complique un peu les choses pour la rapidité des visas, mais cela ne change pas grand-chose d’autre pour moi. Je donne mon premier spectacle en sol américain, à Nashville, le 5 juin, puis continue ma tournée à travers le Canada. »

Bruno Petrozza / TVA Publication
Bruno Petrozza / TVA Publication

-Paul Daraîche fera paraître son 33e album, Mon dernier je t’aime, le 10 juin prochain. Le disque sera ensaché dans le magazine Échos Vedette, dont il fera la une le 5 juin prochain.

-L’album Daraîche et filles paraîtra avant Noël. Suivra une grande tournée à travers le Québec, dès janvier 2026.

-Matt Lang sera de la programmation de nombreux festivals au Québec cet été. Il fera aussi partie du spectacle de la Fête nationale de Montréal le 24 juin au parc Maisonneuve en compagnie de Robert Charlebois, Loud, Yann Perreau et Sara Dufour. Il a récemment fait paraître sa nouvelle chanson I’ve Learned.

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