Laurence Ménard: Le coronavirus fait un petit orphelin d’à peine 4 ans
Une mère monoparentale de 33 ans laisse derrière elle l’homme de sa vie


Nora T. Lamontagne
Une technicienne en travail social monoparentale de 33 ans, attitrée à des résidences pour aînés, a succombé au coronavirus avant de pouvoir célébrer le quatrième anniversaire de son fils.
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« Arno, c’était l’homme de sa vie. Elle l’a porté pendant neuf mois et élevé pendant [presque] quatre ans », dit le père de Laurence Ménard, Pierre Ménard.
Déterminée et fonceuse, sa fille désirait devenir mère, même si elle n’avait pas encore rencontré le bon partenaire, et n’a pas hésité à avoir recours à l’insémination artificielle.
La trentenaire était aussi d’un naturel aidant, dans la vie comme au travail, selon ses proches.
« Le travail social lui permettait d’aider les gens professionnellement, mais elle le faisait aussi avec ses amis et sa famille », illustre son père.
« C’était notre poteau pour la vieillesse », ajoute sa femme, Denise St-Arneault.
Fatigue et essoufflement
Laurence Ménard aurait contracté le virus un jour qu’elle œuvrait en plein foyer d’éclosion à la résidence L’Ermitage à Drummondville, au Centre-du-Québec – avec tout l’équipement de protection nécessaire, soulignent ses parents.
Quelques jours plus tard, elle montait dans une ambulance sur ses deux pieds en raison d’une douleur à la poitrine et d’une grande fatigue, à la recommandation de la ligne d’appel COVID.
Bigénérationnelle
En attendant le retour de sa mère, le petit Arno a retrouvé ses grands-parents à l’étage de la maison bigénérationnelle qu’ils habitaient à Acton Vale, en Montérégie.
Sauf que quelques heures plus tard, ceux-ci étaient appelés au chevet de leur fille aux soins intensifs pour un adieu précipité.
« On n’a jamais pensé pour une seconde qu’elle ne reviendrait pas », confie Mme St-Arneault, qui est arrivée trop tard à Montréal pour voir son aînée vivante.

Malgré son obésité, Laurence Ménard n’avait aucun problème de santé à part des ovaires polykystiques. Pas de diabète ni de haute pression ni de maladie coronarienne, énumère sa mère.
À 33 ans, sa Laurence fait partie des 14 victimes québécoises de la COVID-19 âgées de 30 à 39 ans, soit 0,1 % des décès.
Si l’on se fie à la population de la province, « c’est une goutte d’eau dans l’océan », fait valoir Mme St-Arneault.
« Mais pour nous, c’est le verre d’eau au complet », ajoute son conjoint.
«Dans son cœur»
Tous deux tentent de reprendre une vie normale depuis ce sombre 4 mai, comme leur fille l’aurait voulu.
Ils ont célébré comme ils ont pu, dans les jours qui ont suivi, l’anniversaire de leur petit-fils, dont ils sont désormais les tuteurs.
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« Un enfant de 4 ans, ça vit le moment présent », rappelle Mme St-Arneault.
« C’est lui qui nous a remis sur le piton », poursuit M. Ménard.
Arno a mis du temps à assimiler que sa mère ne reviendrait pas.
Aujourd’hui, il répond à quiconque lui demande où est sa maman qu’elle est partie au ciel, mais qu’elle « est toujours dans [son] cœur ».