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L'article provient de Bureau d'enquête

Enveloppes suspectes au consulat russe de Montréal

L’établissement inspecte maintenant son courrier avec du matériel de protection

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Marc Sandreschi

2022-04-06T04:00:00Z
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Le consulat de Russie à Montréal a récemment été visé par deux colis suspects et a même dû recourir à de l’équipement utilisé contre les menaces biochimiques, a appris notre Bureau d’enquête.

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C’est la présence d’une poudre blanche suspecte sur deux enveloppes qui a placé le personnel du consulat en état d’alerte, le 18 mars dernier.

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, les employés ont pris des précautions supplémentaires et manipulent le courrier reçu au consulat russe dans une boîte transparente, à travers des gants de polymère.

Photo courtoisie
Photo courtoisie

Des policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont alors dû intervenir pour récupérer la boîte et son contenu, afin d’en faire l’analyse. Selon nos informations, l’enquête n’a pas permis de déceler de substance dangereuse.

Cet événement survient alors que le consulat russe à Montréal fait l’objet de plusieurs manifestations liées à la guerre.

Lors d’un entretien hier avec notre Bureau d’enquête, le Consul général Alexander Noskov a affirmé que son immeuble de l’avenue du Musée est régulièrement visé par des vandales.

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Selon lui, des œufs ont notamment été lancés sur le consulat, et les grilles à l’entrée du bâtiment ont été barbouillées de peinture.

«La police n’a pas voulu placer de véhicules entre les manifestants et le terrain de l’ambassade», a-t-il notamment déploré.

Nocif, chimique ou biologique

La boîte utilisée au consulat pour manipuler le courrier «permet (entre autres) de manipuler du courrier potentiellement dangereux», explique Michel Wilson, ancien commandant du Groupe tactique d’intervention au SPVM. 

À cet égard, un médecin que notre Bureau d’enquête a consulté et qui a demandé de préserver l’anonymat affirme «que ces boîtes sont habituellement utilisées par des laboratoires de microbiologie afin de manipuler un agent potentiellement nocif, chimique ou biologique».

Depuis le début mars, plusieurs consulats et ambassades russes ont reçu des colis similaires ailleurs dans le monde. 

À Canberra, en Australie, un colis a forcé l’évacuation de l’ambassade russe le 3 mars. En France, deux événements du même genre se sont produits les 9 et 17 mars. Finalement, le service postal belge a intercepté un envoi destiné à l’ambassade russe située à Bruxelles, le 14 mars.  

Pas une première au Québec

Au Québec, certains cas semblables se sont produits au cours des dernières années, dans des contextes différents. 

En 2001, plusieurs enveloppes contenant une poudre blanche avaient été découvertes, dans le contexte de psychose à l’anthrax.

En 2012, l’Armée révolutionnaire du Québec avait revendiqué l’envoi de plusieurs enveloppes contenant une poudre blanche « à l’attention de » personnalités politiques, dont le premier ministre Jean Charest. La poudre s’était avérée être du bicarbonate de soude. 

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Le consul nie la guerre et parle de propagande  

Le Consul général de la Russie à Montréal croit qu’il pourrait être expulsé du pays, si le Canada emboîte le pas à certains de ses alliés.

«Je n’ai pas eu de nouvelles du gouvernement canadien, mais puisqu’il suit les actions des autres pays de l’OTAN, une expulsion demeure possible», a affirmé Alexander Noskov, hier.

Le Consul s’est exprimé en anglais dans le cadre d’un entretien inopiné de près de deux heures avec notre Bureau d’enquête, à l’intérieur du consulat.

Sa déclaration sur une hypothétique expulsion fait suite à l’éviction de près de 200 diplomates russes de plusieurs pays d’Europe dans les 48 dernières heures.

Positions controversées

Alexander Noskov se colle aux positions controversées du Kremlin en refusant de qualifier la situation en Ukraine de guerre. 

«Ce sont des opérations spéciales et ciblées», fait-il valoir. 

Et il ajoute: «Si c’était une guerre, l’Ukraine serait aujourd’hui devenue un grand trou noir».

Quant aux images de cadavres ligotés et de civils abattus en pleine rue dans la ville ukrainienne de Boutcha, il s’indigne devant ce qu’il prétend être une propagande ukrainienne.

«Ces personnes ont été abattues au début du mois de mars par des forces ukrainiennes. [Ces dernières] ont attendu jusqu’à tout récemment pour permettre aux médias occidentaux de les prendre en photo et de les filmer pour ensuite blâmer la Russie de ces atrocités», a-t-il soutenu.  

Intimidation

Le Consul général se montre également cynique face à ce qu’il qualifie de «deux poids, deux mesures». En ce sens, il questionne à savoir pour quelle raison les États-Unis n’ont pas subi de sanctions après avoir attaqué l’Irak en 2003, lors d’une guerre qui s’est soldée par la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes.

Le consul Noskov affirme être peiné de voir que des civils sont tués, peu importe leur camp, lui dont l’ex-épouse est d’origine ukrainienne. 

Il dénonce aussi le fait que plusieurs membres de la communauté russe à Montréal font l’objet d’intimidation depuis le début du conflit en Ukraine, dont des enfants, à l’école.

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