Le compost attire les rats et sent mauvais: mythes ou réalité?

Genevieve Abran
Le bac brun est disponible à peu près partout à Montréal. Pourtant, les poubelles débordent encore de matières compostables, selon des données du dernier bilan de la gestion des matières résiduelles, consulté par Le Devoir en mai. Pour comprendre la résistance d’une bonne partie des Montréalais vis-à-vis du compostage, on décortique certains des mythes les plus persistants qui y sont associés.
Mythe 1 — Le compost attire la vermine
C’est vrai, le compost peut attirer les rats et les écureuils, «mais pas nécessairement plus que les poubelles», affirme l’expert en lutte contre le gaspillage alimentaire, Éric Ménard.
«Au final, ce qu’on met dans le compost, c’est la même chose que les gens mettaient dans les poubelles avant. Ce ne sont pas de nouvelles matières qu’on ne jetait pas. Normalement, ça ne devrait pas en attirer plus [de vermines] que les poubelles», rappelle celui qui utilise le pseudonyme Éric L’enverdeur sur les réseaux sociaux.
Ce qui attire la vermine par-dessus tout: les déchets, peu importe la nature, qui sont mis à la rue n’importe quand et qui traînent pendant des jours, renchérit Laure Mabileau, coordonnatrice à l’Association québécoise Zéro déchet.
Mythe 2 — Le compost sent mauvais
Votre compost ne devrait pas puer plus que votre poubelle.
«Dans le bac de compost, ce sont juste des résidus alimentaires alors on les voit plus, mais ça ne crée pas plus d’odeurs que quand c’est à la poubelle», mentionne Éric Ménard.
Pour éviter les odeurs: ne laissez pas votre compost trop longtemps sur le comptoir ou dans l’armoire. Vous pouvez le sortir, dans le bac brun fourni par la Ville, ou le placer au congélateur jusqu’à la collecte.
Mythe 3 —Ce n’est pas réaliste de composter quand on vit en appart
Éric Ménard le reconnaît: ça peut être plus compliqué de composter en appartement que dans une maison.
Ça ne veut toutefois pas dire que ce n’est pas faisable. Même que dans les quartiers où la collecte des déchets est aux deux semaines, le compostage devient un incontournable, souligne Laure Mabileau.
«En banlieue, on peut décider de ne pas composter malgré l’espacement de la collecte des déchets, parce qu’il y a assez d’espace pour cumuler. Mais quand on est en ville, ça devient vraiment plus compliqué si on ne participe pas à la collecte des matières organiques», précise-t-elle.
«Ce n’est pas forcément évident de changer ses comportements [et de composter], mais c’est quelque chose qui se fait. Tout le monde est capable de composter à la maison», ajoute-t-elle.
Mythe 4 — Le compost n’a pas d’impacts positifs sur l’environnement
«C’est vraiment faux», insiste Éric Ménard.
Dans un dépotoir, tous les déchets — résidus alimentaires ou autres — sont entassés, ce qui empêche l’oxygène de circuler librement. Et lorsque les résidus compostables se décomposent sans oxygène, ils produisent du méthane, un gaz à effet de serre extrêmement nocif.
«Le compost, ce n’est pas une solution parfaite non plus. Même si c’est vraiment mieux de jeter au compost qu’à la poubelle, ça reste que c’est du gaspillage alimentaire», admet-il.