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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Le civisme à l’Assemblée nationale, c’est pour quand?

Photo Agence QMI, Marcel Tremblay
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Photo portrait de Josée Legault

Josée Legault

2025-05-06T04:00:00Z
2025-05-06T04:15:00Z
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Le ministre de l’Éducation Bernard Drainville entend bannir enfin le cellulaire dans les classes des écoles et imposer le vouvoiement du personnel enseignant. Comme on dit, à cheval donné, on ne regarde pas la bride.

Pour le volet «civisme», dans ce Québec où l’on réinvente constamment la roue, le ministre recycle en fait un engagement pris il y a 14 ans déjà par Jean Charest lorsqu’il était premier ministre...

L’annonce du ministre Drainville est bien accueillie. Elle n’efface cependant pas le lourd passif d’un réseau scolaire québécois déjà qualifié par le Conseil supérieur de l’éducation comme le «plus inégalitaire» au Canada.

Nous aurons des classes sans cellulaires et des élèves devant vouvoyer leurs enseignants. Bravo. Ils seront toutefois encore les otages d’un réseau scolaire rétrograde dit «à trois vitesses».

Un réseau constitué d’écoles publiques «régulières», d’écoles publiques «à projets particuliers» et d’écoles «privées» subventionnées à 70% par l’ensemble des contribuables québécois.

Dans cette tour de Babel, il est impossible d’établir ici une véritable mixité, sociale, économique, ethnoculturelle ou même religieuse. Dans des écoles publiques régulières, des élèves pourront néanmoins dire à leur enseignante:

«Madame Nicole, je dois vous dire en tout respect qu’il y a des moisissures et des blattes dans les salles de bain, qu’on crève de chaleur en juin, que des camarades arrivent le ventre vide, que la bibliothèque fait pitié et que la DPJ vient de frapper encore à la porte.»

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Le même jour

Parlant de civisme, c’est pour quand aussi à l’Assemblée nationale? Ironiquement, jeudi dernier, le jour même où le ministre Drainville faisait son annonce, le spectacle était en effet peu édifiant au Salon rouge.

À la période de questions, happée à nouveau par l’énième report de la reconstruction d’un hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) en état pourtant avancé de décrépitude, le gouvernement brillait par son indifférence.

Le premier ministre François Legault s’en est montré à nouveau peu préoccupé. Étonnamment, même s’ils mettent en danger la santé et la sécurité des patients et du personnel, il a qualifié de «mineurs» les multiples problèmes «à régler» à HMR d’ici son hypothétique reconstruction.

Sur le fond des choses

Dans un autre échange avec Ruba Ghazal, cheffe parlementaire de Québec solidaire, M. Legault lui a lancé qu’elle «et sa gang» [sic] étaient des «extrémistes».

On sait bien sûr que les échanges dans la «maison du peuple» sont loin d’être toujours inspirants. Insulter des adversaires pour faire diversion de dossiers urgents comme HMR, c’est une autre histoire.

Sur le fond des choses, il reste pourtant l’essentiel.

Soit que, malgré les investissements massifs faits par le gouvernement caquiste avant ses compressions budgétaires actuelles et sa décote par l’agence de notation Standard and Poor’s, la qualité des services, dont les réseaux publics d’éducation et de santé, au lieu de s’améliorer, se dégrade.

Le vrai problème politique, voire éthique, il est là.

C’est pourquoi, à moins d’un revirement stratosphérique d’ici les élections d’octobre 2026, que l’on vouvoie dorénavant dans les écoles n’y changera pas grand-chose.

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