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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Le cirque Trump peut attendre

Mark Carney parlera au président, mais pas question de se rendre aux États-Unis pour l’instant

Un face-à-face en personne entre le premier ministre du Canada, Mark Carney, et le président américain, Donald Trump, ne devrait pas arriver prochainement.
Un face-à-face en personne entre le premier ministre du Canada, Mark Carney, et le président américain, Donald Trump, ne devrait pas arriver prochainement. Photo AFP
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Photo portrait de Guillaume St-Pierre – analyse

Guillaume St-Pierre – analyse

2025-03-28T04:00:00Z
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Mark Carney n’a pas l’intention de se jeter dans les bras de Donald Trump dans l’espoir de réparer une relation qui de toute façon ne sera plus jamais comme avant.

C’est une image plutôt sombre de la relation canado-américaine que le premier ministre libéral a brossée, hier, en répondant à l’attaque de l’administration Trump lancée contre l’industrie automobile canadienne.

« Il est clair que les États-Unis ne sont plus un partenaire fiable », a asséné M. Carney, qui pourrait lui parler dès aujourd’hui par téléphone. Pas question, toutefois, de se rendre à Washington ou Mar-a-Lago comme Justin Trudeau et risquer de se faire humilier en pleine campagne électorale.

Les négociations futures entre les deux pays permettront peut-être de rétablir « un élément de confiance, mais il n’y aura pas de retour en arrière ».

Mark Carney agit ainsi en respectant une des règles de base en politique : gérer les attentes.

On ne peut que décevoir lorsqu’on place la barre trop haut, quitte à dramatiser un peu les choses, comme ceux qui juraient durant la pandémie qu’on ne se serrerait plus jamais la main.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

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C’est terminé !

La plupart des chefs fédéraux semblent s’être passé le mot. L’ère de notre dépendance au marché américain est terminée, ont-ils déclaré.

« L’ancienne relation que nous avions avec les États-Unis, fondée sur l’intégration croissante de nos économies et une coopération étroite en matière de sécurité et de défense, est terminée », a souligné Mark Carney.

Lors de son point de presse du jour, Pierre Poilievre y est allé d’une remarque similaire.

« Dans les prochaines quatre années, sous un nouveau gouvernement conservateur fort, le Canada aura complètement relancé son économie pour être indépendant des États-Unis », a-t-il lancé.

La réalité est probablement plus complexe et nuancée.

Sevrage difficile concrètement

La proximité géographique avec les États-Unis et notre intégration économique avec eux rendent difficile toute forme de sevrage.

Bâtir une économie canadienne moins dépendante des Américains, notamment en abolissant les barrières entre provinces, est un pari audacieux.

Donald Trump lui-même semble se rendre compte qu’il n’est pas simple de détricoter les économies canadienne et américaine.

Photo AFP
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Le Globe and Mail a rapporté, hier, que le Canada pourrait éviter une bonne partie des tarifs sur l’industrie de l’automobile parce que les véhicules contenant plus de 50 % de pièces fabriquées aux États-Unis pourraient en être exemptés, ce qui représente la majeure partie de nos exportations.

Face à toute cette incertitude, Mark Carney a choisi de ne pas brusquer les choses.

Le Canada annoncera sa réplique plus tard, lorsque les tarifs américains seront précisés et en vigueur, probablement la semaine prochaine, lorsque Trump aura fini de faire son cirque et qu’il imposera ses droits de douane noir sur blanc.

Le mal est fait

Un président dont la folie le pousse à écrire, en pleine nuit sur les réseaux sociaux, qu’il nous punira davantage si nous osons nous allier aux Européens pour répondre à ses attaques tarifaires. Mince consolation, il a cette fois qualifié le Canada de « pays », et non de simple État américain.

Mais, à bien des égards, le mal est déjà fait. Les indices boursiers des principaux constructeurs américains ont dégringolé, les fournisseurs canadiens et québécois sont pétrifiés, les syndicats canadiens sont en colère...

La relation canado-américaine atteint les bas-fonds, mais elle ne se résume pas à Trump, à Carney ou encore à Poilievre.

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