Le ministre de l’Énergie Pierre Fitzgibbon n’a aucune idée des besoins en électricité d’ici 2050

David Descôteaux
Le chiffre de 100 TWh, qu’on entend souvent comme étant la cible de besoin d’Hydro-Québec d’ici 2050 pour subvenir aux besoins du Québec, ne tient plus la route, admet le ministre Pierre Fitzgibbon.
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«Est-ce que c’est 125 ou 150 TWh? Je n’en ai aucune idée. Sur l’horizon de 2050, je sais une seule chose: personne ne le sait vraiment», a concédé le ministre, vendredi, au cours d’un déjeuner-causerie organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Il faudra donc faire des choix et changer les mentalités des Québécois, dit M. Fitzgibbon. «Les Québécois se font dire depuis très longtemps qu’on a de l’électricité en masse et qu’Hydro-Québec, c’est un peu leur héritage», dit-il.
Pour arriver à faire passer le message, le ministre compte sur les «experts». «Je pense que les experts vont pouvoir prouver aux Québécois que si on consomme moins, peut-être qu’on aura plus d’énergie pour les hôpitaux, pour les écoles, pour des maisons des aînés.»
Le ministre compte entre autres sur le professeur Pierre-Olivier Pineau, de HEC. «Ces gens-là doivent expliquer aux Québécois qu’on consomme probablement 50% de trop, et ce n’est pas juste le résidentiel [...] Ce travail-là doit être fait par des gens qui ne sont pas juste dans la politique», a-t-il dit en point de presse.
- Écoutez l'entrevue de Philippe-Vincent Foisy avec Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal et titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie via QUB radio :
Les contrats américains seront honorés
Pour ceux qui se demandent si le gouvernement a l’intention de résilier certains contrats d’exportations, dont ceux du Massachusetts et de New York, afin de préserver de l’énergie pour les besoins du Québec, le «superministre» a été clair: «On peut en discuter tant qu’on veut, mais le Québec va honorer ses engagements», a-t-il dit devant quelque 700 convives, issus du monde des affaires, gouvernemental et scientifique, réunis au palais des congrès.
«À l’époque, si on avait connu le contexte actuel, est-ce qu’on se serait posé d’autres questions? Bien sûr. Les conditions ont changé, c’est évident», a-t-il admis.
Le défi de trouver plus d’électricité pour décarboner le Québec passera donc d’abord et avant tout par la population, les entreprises et la fameuse «gestion de la pointe», a-t-il expliqué dans son discours.
«J’entends aussi des gens dire que ça n’a aucun sens d’exporter notre électricité et de demander aux Québécois d’économiser de l’énergie, pour mieux la vendre à des multinationales. Ce n’est pas du tout ce qu’on propose», a-t-il assuré.
L’éolien à la rescousse
Le Québec compte une quarantaine de parcs éoliens en service, qui produisent près de 4000 MW d’énergie. Le ministre de l’Énergie et de l’Innovation veut quadrupler cette puissance installée d’ici 2040.
«J’ai annoncé en mars dernier un appel d’offres pour un bloc de 1500 MW d’énergie éolienne. Hydro-Québec a identifié plusieurs zones où on peut intégrer rapidement de nouveaux parcs éoliens, et on veut lancer un autre appel d’offres encore plus important dans les prochains mois», précise-t-il.
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