Le chemin de croix de Jean Charest


Joseph Facal
Plus les jours passent, plus il est clair que rien ne sera simple pour Jean Charest dans sa quête pour devenir chef du Parti conservateur, puis premier ministre du Canada.
L’annonce de sa candidature n’a pas soulevé l’enthousiasme des foules, c’est le moins que l’on puisse dire.
Non ! Pas lui ! Pincez-moi ! Dites-moi que c’est un mauvais rêve ! C’est ce que disent nombre de commentaires après chaque chronique qui lui est consacrée.
- Écoutez l'édito de Joseph Facal à l'émission de Benoit Dutrizac diffusée chaque jour en direct 10 h 30 via QUB radio :
Bagage
Ces commentaires ne sont pas un échantillon scientifique, mais ils sont dans la droite ligne d’un sondage Léger d’il y a deux ans qui dévoilait que 72 % des Québécois avaient gardé une mauvaise impression de ses années en politique québécoise.
Le noyau dur de son « fan club » est composé de députés du PLQ d’une autre époque, usés jusqu’à la corde, qui espèrent une nomination pantouflarde dans l’appareil fédéral s’il devient premier ministre, et de députés conservateurs du Québec fatigués de jouer sur le quatrième trio.
Ses contorsions sur la loi 21 n’aident pas non plus.
Il laisse entendre à l’auditoire québécois qu’il comprend son appui à cette loi, et il laisse entendre à l’auditoire du Canada anglais... qu’il comprend son rejet de cette loi.
Il peut s’estimer chanceux de la clôture de l’enquête Mâchurer sur le financement du PLQ, mais cela ne fait pas taire pour autant le ramdam des casseroles qu’il traîne.
S’il est vrai que la justice ne peut s’appuyer sur des rumeurs et des impressions, la vie politique, elle, le peut parfaitement.
Et ses misères ne s’arrêtent pas là.
Les temps ont changé. On exige aujourd’hui du personnel politique une transparence inédite.
Parlez-en à Denis Coderre qui a lourdement payé le prix pour sa réticence à dévoiler ses activités dans le secteur privé pendant ses années hors du sérail politique.
Le Journal a voulu en savoir plus sur les clients et les mandats de M. Charest pendant ses années au cabinet d’avocats McCarthy Tétrault.
Hier, Le Journal rapportait l’amusante partie de ping-pong entre l’équipe Charest et la firme.
L’attachée de presse de M. Charest a renvoyé la balle à la firme, mais la firme n’a pas répondu aux questions du Journal.
Le principal intéressé, lui, ne veut pas, pour le moment, en dire plus que le peu qui est connu.
C’est son droit puisque nos lois ne l’y forcent pas.
Qu’est-ce qui est connu ? Qu’il aurait notamment travaillé pour la firme chinoise Huawei, pour Windiga Énergie, une entreprise enregistrée aux Barbades, et pour la pétrolière TransCanada, ce qu’il avait parfaitement le droit de faire.
Ayoye
Évidemment, dévoiler tout amènerait son lot de questions. Mais ne pas en dévoiler plus entretiendra son lot de questions : une sorte de « damn if you do, damn if you don’t ».
Imaginez : Justin Trudeau à la tête du PLC et Jean Charest à la tête du PC.
En 1917, à Fatima, au Portugal, quand la Vierge apparut devant trois jeunes bergers, elle aurait soupiré : « Pauvre Canada ».