Le chemin de Compostelle du PLQ


Normand Lester
Réuni en conseil général à Bromont, le Parti libéral du Québec s'engage, s'il prend le pouvoir, à revenir à l'équilibre budgétaire. Wow! Quel engagement extraordinaire!
C’est que le parti n’a rien à promettre pour tenter de regagner l’appui de l’électorat francophone sans risquer, du même coup, d’indisposer ses partisans anglo-ethniques concentrés sur l’île de Montréal et dans l’Outaouais. Les zones «rouges partitionnistes» du Québec. Seuls 5% des électeurs francophones ont l’intention de voter libéral.
Le conseil général du PLQ célèbre le dixième anniversaire de l’élection du gouvernement de Philippe Couillard avant son humiliante défaite de 2018. Couillard et les libéraux y ont subi la pire défaite électorale en pourcentage de voix - 24,8% - de l'histoire du parti depuis 1867, n’obtenant que 31 sièges à l'Assemblée nationale. De plus, Couillard devient le 1er premier ministre libéral québécois à ne pas obtenir un second mandat depuis Adélard Godbout en 1944. Ça n’empêche pas le chef intérimaire du parti Marc Tanguay de dire que le gouvernement Couillard, dont il a fait partie, sera jugé favorablement par l'Histoire. Les autres anciens chefs du parti, dont les noms sont aussi associés à la dégringolade du parti, Daniel Johnson, Jean Charest et Dominique Anglade participent également à la rencontre.
Pas d’enquête publique, Charest dixit
Après les trois mandats successifs de Charest, les libéraux ont dû faire face à une volée d’allégations de collusion dans le financement du PLQ et de corruption dans l’industrie de la construction. Tony Accurso ça vous dit quelque chose?
Charest s’obstinait à refuser d'instituer une enquête publique. Pas fous les libéraux, ils savaient que ça allait se retourner contre eux. Mais, finalement en octobre 2011, soumis d’énormes pressions après la fuite du rapport explosif de Jacques Duchesneau sur des malversations dans la construction, Jean Charest annonce la création de la commission d'enquête. Présidée par la juge Charbonneau elle découvrira le pot aux roses malgré l’étrange et inexplicable dissidence d’un membre de la commission, Renaud Lachance sur l’existence d’un lien entre «le versement de contributions politiques et l’octroi des contrats au niveau provincial».
Charest sera battu dans sa circonscription aux élections du 4 septembre 2012 et le PLQ chassé du pouvoir au profit du Parti québécois. En 2014, l’émission Enquête de Radio-Canada révélera que l'UPAC avait lancé l'enquête Mâchurer, qui portait sur une activité de financement du Parti libéral du Québec.
Conservateur, libéral, conservateur, Bleu, rouge, qu’importe! Charest est un fédéraliste polyvalent, mais toujours du côté des bailleurs de fonds. Chef du Parti progressiste-conservateur de 1993 à 1998, il a été vice-président du comité du «non» au référendum volé de 1995.
Un grand absent: Denis Coderre
L’ex-maire de Montréal Denis Coderre, qui piaffe d’impatience d’être élu chef des libéraux ne sera pas à Bromont. Mais il va transmettre à la réunion une vidéo d’Espagne où il fait le célèbre pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Ça ne s’invente pas.
Un autre grand nom de l’équipe libérale, l'ex-éditorialiste de La Presse, ex-sénateur et ex-quoi encore, André Pratte qui préside la commission politique du PLQ depuis six mois, va y aller de ses grandes propositions pour renflouer le Titanic rouge.
À son congrès de 2019, la Commission Jeunesse du PLQ a souligné que la déconnexion totale du parti avec l'électorat francophone comme la principale cause de sa défaite. Pensez-vous que Pratte, Couillard et Charest vont trouver la formule magique pour sortir les libéraux du trou noir où ils se sont enfoncés? Je ne le pense pas. À moins que Coderre ait une révélation surnaturelle sur le Chemin de Compostelle qu’il transmettra à Bromont.Comme je l’ai déjà écrit, le PLQ a aussi un autre problème. Les affairistes, les opportunistes et les magouilleurs francophones qui s’agglutinaient à lui, l’ont déserté pour la CAQ à mesure que s’amoindrissent ses chances de revenir au pouvoir.