Le chef des «Anges de Poutine» est une vraie star en Russie
Mais le motard Alexander Zaldostanov est persona non grata au Canada

Eric Thibault et Félix Séguin
Le motard numéro un en Russie est non seulement un ami du président Vladimir Poutine, qui a défilé à ses côtés en Harley-Davidson, mais il a aussi transporté la flamme olympique avant les Jeux de Sotchi en 2014.
• À lire aussi: Le numéro un des Hells Angels québécois, Martin Robert, sous enquête de la GRC pour ses voyages au pays de Vladimir Poutine
Il serait impensable, ici, d’imaginer un Hells Angels comme Maurice «Mom» Boucher porter la flamme avant les Jeux de Montréal, mais en Russie, c’est du statut de vedette, dont bénéficie Alexander Zaldostanov, dit «Le Chirurgien».
Le leader des motards Night Wolves (ou Loups de la nuit), qui doit son surnom à sa formation de chirurgien-dentiste, est pourtant interdit de séjour au Canada depuis février 2015, comme plusieurs collaborateurs du régime Poutine, en raison de son implication dans l’annexion de la Crimée par la Russie.

Cette sanction a été prise par le gouvernement conservateur de l’ex-premier ministre Stephen Harper. Elle est toujours en vigueur.
D’autres pays, comme les États-Unis à l’époque du président Barack Obama et la Grande-Bretagne, ont fait de même.
Des gars cool...
En Russie, le président Poutine a lui-même participé à plusieurs rassemblements des Night Wolves en louangeant leur «courage» et leur patriotisme pendant ses discours.
On les a même rebaptisés les «Anges de Poutine» (ou Putin’s Angels) dans plusieurs reportages médiatiques, une référence peu subtile aux Hells Angels.
«Ce sont vraiment des gars cool. Des gars tough», a déclaré Poutine en faisant l’éloge des membres des Night Wolves lors d’une entrevue qu’il a donnée à la top-modèle Naomi Campbell pour le magazine GQ en novembre 2010.
Pas de Hells en Russie
Fait à noter, les Hells Angels ont actuellement des chapitres établis dans 62 pays et comptent plus de 6000 membres.
Même en Ukraine et dans d’autres pays voisins des Russes, comme la Pologne et la Finlande.
Mais pas en Russie.
C’est l’une des raisons qui intrigue les policiers d’une Équipe intégrée de la sécurité nationale, au sein de la Gendarmerie royale du Canada. Ils ont d’ailleurs ouvert une enquête sur les voyages en Russie du numéro un des Hells Angels au Québec, Martin Robert, entre 2022 et 2024.

«J’aime bien le Canada. Pourquoi ce pays a peur de moi? Qu’est-ce que j’ai fait de mal?» a déclaré Zaldostanov à Radio-Canada lors d’un reportage de 2017.
Financés par le Kremlin
Fondés en 1989, les Night Wolves ont calqué leur modèle sur celui des bandes de motards hors-la-loi, mais «ils ne sont pas l’équivalent des Hells Angels», d’après un expert du ministère fédéral de la Défense.
«Cette image leur sert de façade. En réalité, Zaldostanov et les Night Wolves font partie d’un réseau à vocation patriotique [...] qui mène certaines opérations de perturbation sociale, de propagande ou de combat, confiées par le Kremlin», a écrit Matthew A. Lauder dans la Revue militaire canadienne.
En 2015, avant d’être emprisonné et de mourir, Alexeï Navalny, l’ex-leader de l’opposition russe, avait dénoncé publiquement le financement que le Kremlin versait supposément aux Night Wolves, soit l’équivalent d’environ un million de dollars canadiens par année.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.