Crise des camionneurs: le chef de police d'Ottawa remet sa démission
Le travail des policiers est remis en cause depuis le début de l’occupation

Nora T. Lamontagne
Dans la tourmente, le chef du Service de police d’Ottawa Peter Sloly a démissionné mardi sous le poids des critiques de la population et des élus exaspérés par son inaction devant le siège des camionneurs qui paralyse la ville.
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« C’était devenu clair que plusieurs membres de la Commission de services policiers, du conseil municipal et du public n’étaient pas satisfaits de la réponse de la police pour mettre fin à l’occupation », a déclaré Jim Watson, maire d’Ottawa.

De son côté, l’ex-chef est resté vague sur les motivations expliquant sa démission, effective immédiatement, après deux ans à la tête de ce service.
Plusieurs médias ont fait état de frictions au sein de son corps policier, notamment en raison des reproches de M. Sloly à ses collègues et de son incapacité à mettre en œuvre un plan pour mettre fin à la crise.
Moins répressif
Jamaïcain d’origine, Peter Sloly a grimpé les échelons du Service de police de Toronto pendant 27 ans avant de devenir chef de la police d’Ottawa.
L’homme de 55 ans était connu pour son approche progressiste et communautaire de la police, moins axée sur la répression.

Son contrat avec le service de police Toronto s’était d’ailleurs terminé en queue de poisson en 2016 après qu’il eut suggéré qu’il était possible de faire le même travail avec moins de ressources.
- Écoutez l’entrevue d’Alain Babineau, Sergent d’état-major retraité de la GRC
« Je comprends que [Sloly] soit favorable à un genre de police non conflictuelle. Mais dans ce cas-ci, ce n’était pas le bon gars pour gérer la situation », estime Heather Black, une résidente du centre-ville.
Des citoyens ont reproché aux agents d’être restés les bras croisés devant des manifestants qui transportaient des bidons d’essence ou qui klaxonnaient sans arrêt.
« On voit que [Sloly] a tenté d’être conciliant avec les manifestants, juge François Doré, policier à la retraite. Mais à un moment donné, il faut savoir appliquer le règlement de façon correcte, mais ferme. »
De plus, l’ancien de la Sûreté du Québec souligne que la police d’Ottawa fait piètre figure en comparaison de ses homologues à Québec et Toronto, où les policiers ont su rapidement encadrer les convois.
Mardi, sur la rue longeant le parlement, un camionneur ontarien se réjouissait d’avoir eu la tête du chef de la police.
« C’est vraiment un bon signe, quelque chose se passe », s’est enthousiasmé Greg Gunson, 47 ans.
- Écoutez Thomas Mulcair au micro de Richard Martineau sur QUB radio :
– Avec Roxane Trudel
En date de lundi, l’occupation d’Ottawa a coûté 14,1 millions de dollars aux contribuables en frais de police, sans compter les salaires des agents la GRC.