Cinq ans de prison pour un chauffard qui a fauché deux vies: une sentence «loufoque», dit la mère d’un des ados de 16 ans tués

JOLIETTE | La mère d’un des deux adolescents de 16 ans ayant perdu la vie à cause d’un chauffard sans permis valide, qui a provoqué un accident en fuyant la police, est révoltée de la peine de cinq ans et demi de pénitencier dont l’accusé vient d’écoper.

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«Aberrant, loufoque», a pesté vendredi matin Lucie Nadeau, mère du défunt Félix Desrosiers-Nadeau, à sa sortie de la salle de cour, en référence à la sentence tout juste prononcée.

«Mes chers jeunes conducteurs. Avec ou sans permis. Tuez deux personnes! Démolissez des familles! Cinq ans et demi de prison... vous allez sortir dans un an et demi. Bravo, le Québec», a-t-elle poursuivi, sous le coup de l’émotion, au palais de justice de Joliette.

Quelques minutes plus tôt, Ludovic Clavette venait de prendre le chemin du pénitencier, avec ses effets personnels.

En février dernier, le jeune homme de 20 ans a plaidé coupable à des accusations de conduite dangereuse causant la mort et des lésions, ainsi que d’avoir fui les policiers.

Or, aux yeux de la mère endeuillée, cette réprimande ne reflète pas la douleur que lui a causée la perte de son fils, le 28 juin 2022.

Grand excès

Ce soir-là, la conduite irresponsable de Clavette a coûté la vie de deux ados de 16 ans, sur le chemin de Sainte-Béatrix, à Saint-Ambroise-de-Kildare, dans Lanaudière.

Clavette circulait alors à bord d’une Subaru WRX bleue munie d’une plaque falsifiée, sur laquelle on pouvait lire «TABARNAK».

Son permis de conduire avait toutefois été révoqué quelques mois plus tôt, en raison de grands excès de vitesse. Il avait notamment été pincé à rouler à 155 km/h.

Lorsqu’il a été intercepté par des patrouilleurs vigilants avant le drame, le conducteur a accéléré jusqu’à 115 km/h, et a happé de plein fouet Félix Desrosiers-Nadeau et sa motocyclette.

Celui qui avait obtenu son permis le jour même est mort sur le coup.

Un des passagers de la voiture, dont l’identité est protégée par un ordre de la cour, est aussi décédé. L’autre a subi des blessures.

Punition appropriée

«Seul le facteur humain était en cause dans cette collision mortelle évitable, a souligné le juge François Landry. De plus, l’impulsivité et le manque de jugement semblent avoir contribué au passage à l’acte.»

«Nous sommes d’avis qu’il serait important que Monsieur continue d’approfondir ses réflexions quant à ses valeurs délinquantes», a-t-il dit.

De son côté, la poursuite avait demandé une peine de sept ans d’emprisonnement.

«Des proches trouveront que la sentence est peut-être trop clémente. Pour la famille de mon client, on va trouver que c’est sévère. Mais à savoir si elle est appropriée? Oui. Il n’y a pas de motif d’appel dans ce dossier-là», a nuancé l’avocat de Clavette, M^e Michel Leclerc, qui avait plutôt suggéré de deux à trois ans de prison.

Piste à son nom

Tout cela a cependant peu d’importance pour le père de Félix.

«La sentence, nous autres, on la vit. La perte de mon fils, c’est incommensurable comment c’est douloureux, a soufflé Claude Desrosiers. Qu’il ait quelques mois, ou quelques années, ça me dérange moyennement.»

À sa sortie de prison, le jeune chauffard, qui n’envisage plus de conduire, devra respecter une interdiction de conduire de quatre ans et demi. Il n’avait aucun antécédent.

Par ailleurs, les parents de Félix disent poursuivre des démarches afin de faire nommer une piste de ski de la station de Val Saint-Côme à son nom.