Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Le chanteur Luck Mervil coupable d’agression sexuelle sur une femme en 2000 à Rimouski

Le magistrat a rejeté la thèse de l’erreur sur la personne avancée par le clan de l'accusé

Partager
Photo portrait de Dominique Lelièvre

Dominique Lelièvre

2025-08-07T14:54:16Z
2025-08-07T18:15:10Z
Partager

Discrédité par son témoignage «peu convaincant», le chanteur et animateur Luck Mervil a été reconnu coupable jeudi d’avoir agressé sexuellement une jeune femme il y a 25 ans, à Rimouski.

«M. Mervil a rendu un témoignage au contenu peu convaincant, marqué par des déductions, des généralités et des oublis», a tranché le juge James Rondeau, jeudi au palais de justice de Rimouski.

Dans un jugement de près d’une heure trente, le magistrat a rejeté la thèse de l’erreur sur la personne avancée par le clan Mervil, déterminant au contraire que c’est bien lui qui a imposé à la victime une relation sexuelle à laquelle elle n’a jamais consenti, dans la nuit du 23 au 24 juin 2000, après un spectacle où il se produisait pour la Saint-Jean-Baptiste.

«Le tribunal croit le témoignage de la plaignante tant sur la description de l’agression sexuelle que sur l’identification de l’accusé par la plaignante», conclut le juge.

Capture d'écran TVA Nouvelles
Capture d'écran TVA Nouvelles
Récit troublant

Lors du procès en février, la femme, qui avait 19 ans à l’époque, a expliqué avoir eu une première discussion cordiale avec l’artiste, tard en soirée, dans un bar où elle était pour voir des amis. 

La plaignante l’a reconnu immédiatement. Mervil était alors au sommet de sa gloire, en tant que participant à la comédie musicale Notre-Dame-de-Paris

Publicité

Elle dit avoir laissé sa bière près de lui pour aller danser et s’être sentie subitement étourdie et malade, en prenant quelques gorgées par la suite.

Sa seule envie était de rentrer chez elle, mais après un «black out», elle s’est plutôt réveillée dans une chambre d’hôtel alors que Mervil était sur elle et en train de la pénétrer.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Isabelle Perron, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

La «peur» et l’«effroi» l’ont envahi. «Fermement, je dis non, parce que je n’ai pas consenti à cette relation sexuelle là», a témoigné la femme.

Mervil lui aurait dit : «Ça fait une heure qu’on est en train de baiser» et lui aurait reproché de ne pas s’être «rasée», avant d’éjaculer.

Se sentant «sale» et «honteuse», elle a attendu une vingtaine d’années avant de dénoncer son agresseur. Son identité est protégée par une ordonnance de non-publication.

Appel

Le chanteur, dont le nom complet est Lucknerson, disait que ce n’est pas son genre de sortir seul dans un bar, n’avait aucun souvenir d’avoir rencontré une femme ce soir-là et niait toute relation sexuelle.

Le magistrat a toutefois soulevé plusieurs contradictions entre son témoignage et celui de son frère ou encore celui de son comptable qui lui avait prêté son véhicule Mercedes pour aller à Rimouski.

Publicité

L’homme de 57 ans a rapidement fait part, dans une déclaration aux médias, de son intention de faire appel de la décision. «Il maintient son innocence», a souligné son avocate, Me Véronique Talbot.

«Je suis conscient de qui je suis. Je suis Luck Mervil, un homme noir à Rimouski, connu, qui est à la télévision tout le temps et que tout le monde connaît», a-t-il témoigné à son procès, selon des propos rapportés dans le jugement.

La confection d’un rapport présentenciel avec volet sexologique a été ordonnée par le tribunal. Les observations sur la peine auront lieu à une date ultérieure.

Le dossier reviendra en cour le 6 novembre pour orientation.

Rappelons que le chanteur d’origine haïtienne n’en est pas à ses premiers démêlés avec la justice. En 2018, il avait écopé d’une peine de six mois dans la collectivité après avoir plaidé coupable d’exploitation sexuelle.

— Avec TVA Nouvelles

Ce qu’ils ont dit

«Nous sommes satisfaits de la décision qui a été rendue aujourd’hui par le juge Rondeau. [...] Comme vous le savez, l’identification était au cœur du débat dans ce dossier et il ne fait aucun doute dans l’esprit du juge que l’identification de l’agresseur comme étant M. Mervil a été prouvée hors de tout doute raisonnable.» — Me Roxanne Bossé-Morin, procureure aux poursuites criminelles et pénales

«M. Mervil, bien évidemment, est en désaccord avec la décision d’aujourd’hui. Il maintient son innocence et m’a demandé de porter la décision en appel.» — Me Véronique Talbot, avocate de Luck Mervil

«Nous avons pris connaissance de la décision du tribunal. Nous allons immédiatement la porter en appel. Pour le moment, nous nous concentrons sur les prochaines étapes juridiques et demandons que l’intimité de notre famille soit respectée. Aucun autre commentaire ne sera émis.» — Déclaration écrite de Luck Mervil transmise aux médias

«Malgré le témoignage de la plaignante, qui dit s’être sentie mal et n’avoir que des souvenirs précis de certaines séquences sur le déroulement de la soirée, son témoignage, après analyse, impressionne favorablement le tribunal. Il est clair dans l’esprit du tribunal que la plaignante a subi une agression sexuelle ce soir-là.» — Le juge James Rondeau

Publicité
Publicité