Le CH est-il en avance sur son plan?

Jean-Charles Lajoie
Le Canadien disputera mercredi soir le 29e des 82 matchs que compte sa saison. Montréal a peiné la saison dernière avec de multiples blessures à des joueurs importants, des blessures qui sont toutefois survenues beaucoup plus tard dans la saison.
Cette année, le CH a perdu dès le départ des éléments très importants : Kirby Dach dès le deuxième match de la saison, David Savard dès le 5e match de la campagne et qui vient de revenir lors de la dernière rencontre. Deux éléments clés de la formation de départ : le défenseur droitier de la première paire, la police d’assurance de Mike Matheson, et le centre grand format en pleine éclosion qui permettait de rendre le CH moins facile à jouer contre et de créer par son excellence plus d’opportunités pour le duo Nick Suzuki et Cole Caufield.
Se préparer pour affronter le Canadien est d’une simplicité désarmante. Montréal a bien peu pour tenir en respect ses adversaire, ils se présentent devant le Canadien sans aucun sentiment de peur, confiants de trouver une façon de gagner.
Malgré tout, avec du rafistolage constant, sans véritable système défensif efficace, sans unités spéciales dignes et avec un potentiel meilleur marqueur d’à peine 60 points sur 82 matchs, le Canadien se trouve en milieu de peloton de la Ligue nationale avec une récolte de 27 points en 28 matchs.
Montréal est à 4 points du dernier échelon des équipes repêchées donnant accès aux séries éliminatoires dans l’Association de l’Est, ce qui n’est quand même pas banal. Autrement dit, on regarde le CH et on trouve mille et une façons de le critiquer, souvent plus à raison qu’à tort.
Dans les faits, Martin Saint-Louis et ses hommes, face à beaucoup d’adversité, gardent la tête un tant soit peu hors de l’eau, ils respirent et ainsi ils survivent dans cette saison pour laquelle la haute direction se refusait à employer le mot en «p», une hérésie encore plus totale quelques mois plus tard.
En fait, si le CH avait pu éviter les deux séries de 4 revers et les scinder avec 2 victoires lors de ces 8 matchs, on parlerait certainement d’une très agréable surprise dans le circuit Bettman jusqu’ici.
Qui l'eût cru?!
Vrai qu’il est encore très tôt dans la campagne, vrai que les équipes pressenties avec des ambitions de séries vont accentuer le tempo très bientôt et vont rarement perdre bêtement des matchs offrant un si beau 2 points de classement, comme ceux face au CH en principe. Vrai aussi que 15 équipes se retrouvent avec entre 20 et 30 points de classement et donc que 50% des clubs flirtent avec la barre névralgique de ,500 de moyenne d’efficacité. Vrai que ces statistiques avantagent d’une certaine façon une équipe comme le Canadien. Mais vrai aussi que Montréal génère des résultats supérieurs à ce à quoi nous étions en droit de nous attendre.
Si je vous avais dit avant le premier match de la saison qu’il y aurait encore à Noël un ménage à trois devant le filet, que Caufield serait sur un pace de 20 maigres buts, que Suzuki dominerait les marqueurs avec un rythme d’à peine 60 points, que le CH aurait compter sur Dach pour seulement un match et demi, Savard pour seulement 6 matchs sur 28, que le club perdrait itou Alex Newhook, Rafaël Harvey-Pinard, Jordan Harris pis «Wifi», qui d’entre vous m’aurait dit le plus honnêtement possible que le CH serait à 4 points des séries éliminatoires à ce stade-ci?
Faut-il alors convenir que le CH est en avant sur son grand plan? Je pense que la question mérite d’être posée puis débattue, même si de toute évidence elle n’intéresse que très peu Jeff Gorton, Kent Hughes et, par ricochet hélas, Geoff Molson.