Le médecin légiste qui fait parler les morts: le Dr Philippe Boxho explique ce que peuvent révéler ses autopsies dans ses essais à succès


Marie-France Bornais
Médecin légiste en Belgique et auteur de livres vendus à plus d’un million d’exemplaires et traduits en plusieurs langues, le Dr Philippe Boxho compte 3000 autopsies à son actif. Il partage de façon percutante les coulisses de son métier inhabituel avec les lecteurs québécois dans trois nouveaux livres publiés aux Éditions Les Malins: La Mort en face, Les Morts ont la parole et Entretien avec un cadavre.



Dans ces trois livres, le Dr Philippe Boxho raconte les dessous d’affaires réelles et troublantes: erreurs de diagnostic, tragédies, disparitions mystérieuses, autopsies révélatrices et meurtres déguisés en suicides.
Grâce à la science et à l’observation, il redonne aux morts une dernière parole, non sans dénoncer au passage les dérives du système judiciaire.
Une vision faussée de la réalité
Le Dr Philippe Boxho, en entrevue, révèle que la vision qu’on a de la médecine légale, à travers les films et les téléséries, parfois même dans les romans, est assez éloignée de la réalité et parfois fantaisiste.
«Si on regarde les séries américaines, les médecins légistes sont toujours, ou de très belles femmes, ou des hommes moches, cons, parfois même débiles!»
«On nous fait dire, dans les séries américaines ou françaises, des tas de choses qu’on est incapable de dire sur la base d’une autopsie. Ils vont beaucoup trop loin. On a l’impression que l’autopsie peut tout révéler: c’est pas vrai.»
«On a besoin d’autres personnes pour nous aider. On ne travaille pas tout seul. Et puis en plus, on ne fait pas l’enquête! Il y a une série française qui sort pour l’instant avec Julie Depardieu, où elle est à la fois le médecin légiste et l’enquêteur. Mais ça, on ne peut pas faire ça. Ça n’existe pas!»
Des livres à succès
Le Dr Philippe Boxho explique que sa carrière d’auteur a débuté par un balado qui a connu une énorme popularité. Son éditeur lui a proposé d’écrire un livre dans lequel il raconterait les histoires qu’il avait vécues.
C’était un défi. «Je n’étais pas sûr d’y arriver parce que je n’ai jamais écrit de ma vie, sauf des rapports médico-légaux. C’est comme des rapports de police: c’est indigeste!» dit-il.
«J’ai dû apprendre à écrire, à trouver un style, un genre qui est le mien, qui correspond à ma façon d’être. J’ai trouvé, ça a marché, et depuis mes bouquins sont traduits dans 12 langues pour le moment; on sera à 30 langues d’ici la fin 2026. Ils se vendent un peu partout dans le monde.»
La grande énergie qu’on retrouve dans son écriture, le contenu étonnant, les connaissances qu’il partage, son expérience et son talent de conteur ne sont pas étrangers à son succès: «Les livres marchent... et je ne m’y attendais pas du tout».
«On touche aux morts»
Qu’est-ce qui fascine autant les gens, à son avis, à propos de la médecine légale? «C’est qu’on touche aux morts. C’est un tabou de toucher aux morts. C’est presque comme si on était des grands sorciers!» s’exclame-t-il.
«Les gens disent: “Oh la la! Ces gens touchent aux morts, moi, je ne saurais pas”. Mais si. Tout le monde saurait. Tout le monde pourrait. C’est pas compliqué. Il s’agit de vaincre sa propre peur de sa propre mort.»
Le Dr Boxho dit que son métier a eu un fort impact sur sa philosophie de la vie: en voyant des morts, il sait à quel point la vie est précieuse. «J’en ai une vraie conscience et c’est la raison pour laquelle je suis un bon vivant.»
Les morts ont la parole
Dr Philippe Boxho
Éditions Les Malins
224 pages
- Philippe Boxho est médecin légiste depuis 33 ans.
- Il est aussi professeur de médecine légale et directeur de l’Institut de médecine légale de l’Université de Liège.
- Il est membre de l’Académie royale de médecine de Belgique et du Conseil national de l’Ordre des médecins.
- Ses livres se sont vendus à plus d’un million d’exemplaires.
- Sa visite au Québec lui a beaucoup plu et la gentillesse des gens l’enchante. «Je trouve que les gens sont très sympas!»
«J’imagine bien la première question qui vous vient à l’esprit, qui est sans conteste celle qu’on m’a le plus posée en trente ans de métier: comment devient-on médecin légiste? Je vous rassure: cela ne m’a pas pris soudainement en me levant le matin. Comme pour chacun – car finalement, médecin légiste est un métier (presque) comme un autre –, ce choix a été le résultat à la fois d’une longue réflexion, de rencontres et de l’une ou l’autre fulgurance.»
– Philippe Boxho, Les morts ont la parole, Éditions Les Malins