Demande d’action collective contre le «cartel du bœuf»

Julien McEvoy
Le prix du bœuf augmente rapidement et « artificiellement », déplore une avocate québécoise qui trouve ça « aberrant » et qui vient de demander à la Cour supérieure du Québec d’accepter une action collective contre « le cartel du bœuf ».
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Sylvie de Bellefeuille, avocate chez Option consommateurs, a saisi le juge du dossier le 24 mars dernier et vise quatre géants américains qui font aussi des affaires au Canada : Cargill, JBS, Tyson et la National Beef Packing Company.
Ces quatre transformateurs dominent le marché canadien du bœuf à hauteur de 85 %, et celui des États-Unis à 80 %, indique le document déposé en cour, et « complotent [...] afin de fixer, maintenir, augmenter ou contrôler le prix ».
Tous les Québécois qui ont acheté du bœuf après le 1er janvier 2015 sont invités à se joindre à l’action, dans le cas où elle serait autorisée.
« Ça vise beaucoup de gens, y compris ceux qui ont déjà de la difficulté à boucler leurs fins de mois », plaide l’avocate.
« Aberrant »
Le prix du bœuf frais ou surgelé a augmenté de 6,5 % au Canada en 2020 et de 3,1 % en 2021, selon Statistique Canada.
Mais en Ontario, par exemple, cette hausse n’a profité ni aux éleveurs ni aux épiciers, indique l’expert Kevin Grier dans un rapport publié en février et commandité par Beef Farmers of Ontario, l’association des producteurs bovins de la province.
Il a calculé que de 2016 à 2021, la part d’un morceau de bœuf vendu 10 $ remise à l’éleveur est passée de 4,10 $ à 3,90 $, alors que celle de l’épicier a chuté de 0,80 $ à 0,20 $, et que celle du transformateur a bondi de 5,10 $ à 5,90 $.
De « normale » (2016-2018), la part du transformateur est devenue « très profitable » (2019), puis « exceptionnellement profitable » (2021-2022), souligne-t-il.
L’avocate Sylvie de Bellefeuille est certaine que la même chose s’est produite au Québec.
« C’est aberrant », lance-t-elle.