Le Canadien doit entrer dans le derby Jonathan Toews

Jean-Charles Lajoie
Le retour de Jonathan Toews n’est plus une fabrication de la machine à rumeurs. L’ex-gloire des Blackhawks de Chicago a demandé à son agent Pat Brisson d’ouvrir sa sonnerie de portable et de recevoir toutes les offres afin de dénicher la meilleure.
Toews a disputé son dernier match il y a 25 mois, en avril 2023. Le natif de Winnipeg, dont la maman est une pure Beaucerone, avait alors 35 ans, mais il était carrément au bout du rouleau, radicalement diminué par le poids de graves blessures.
Le fait de sortir du rythme fou d’une saison de la LNH a fait grand bien au triple gagnant de la coupe Stanley et sa réhabilitation s’est, au fil des mois, transformé en remise en condition de haute performance.
Toews a carrément fait un Rocky Balboa de lui-même. C’est le réputé Ukrainien Boris Dorozhenko qui a la responsabilité de soumettre Toews aux rigueurs d’un entrainement digne d’un gars qui va jouer au plus haut niveau au monde sous peu. D’ailleurs, Dorozhenko ne tarit pas d’éloges envers Toews qui, dit-il, patine avec l’aisance d’une triple gagnant de la coupe Stanley.
Évidemment que tout ce théâtre-réalité devra se mesurer dans un vrai camp d’entrainement de la LNH, avec de vrais matchs présaison, puis de vrais matchs réguliers.
Ce qui est confirmé, c’est que Toews n’a rien pris à la légère, n’a rien fait à moitié. Il s’est soumis à cette préparation, car il voulait avoir l’assurance que s’il revenait il pourrait compétitionner à un niveau satisfaisant.
Clairement, c’est concluant. Et ça devient un sujet dont on doit discuter.
Est-ce que le Canadien devrait entrer dans la danse et soumettre une offre à Brisson dans le but d’attirer Toews à Montréal? Aucun doute que oui, à mon avis!
En fait, posons la question autrement: est-ce que le Canadien peut se permettre de lever le nez sur la possibilité de mettre sous contrat la légende Toews? La réponse me semble encore plus évidente.
Évidemment, tout a un prix... dans la vie comme au hockey. L’hypermédiatisation du retour de Toews n’aide pas la cause d’un marché comme Montréal qui n’a plus la cote des joueurs de hockey qui se cherchent une destination.
On prête aux Maple Leafs, à l’Avalanche et aux Jets, l’équipe de sa ville d’origine, des intentions de déposer une offre à Brisson. Mine de rien, trois gros clubs qui croient à raison être dans la fenêtre d’opportunité pour gagner une coupe Stanley.
Est-ce que Toews a dit à pat qu’il voulait s’entendre avec une équipe qui peut gagner le gros saladier à très court terme? Possible. Si c’est le cas, le Canadien est disqualifié d’emblée.
Ce qui ne veut pas dire que Jeff Gorton et Kent Hughes ne doivent pas tenter le coup quand même. Vous le savez, je rêve de Sidney Crosby avec le Canadien depuis des mois. Je continue de croire que «Sid the kid» va déménager cet été, même si les perspectives qu’il atterrisse à Montréal sont probablement minuscules.
À défaut de Crosby, est-ce que je serais heureux de voir le CH se rabattre sur Toews? Assurément!
Centre efficace et responsable, son jeu est reconnu par un trophée Selke, son leadership est quant à lui reconnu par un trophée Mark Messier et son excellence dans les grands moments est reconnu par un trophée Conn-Smythe.
Capable de produire avec régularité, son calme affiché en dépit de son redoutable désir de vaincre en font, même à 37 ans, un candidat rêvé pour seconder Nick Suzuki et alimenter Ivan Demidov sur le deuxième trio du Canadien. Il représente la solution de transition que se doit de rechercher le CH en attente de la graduation de Michael Hage.
Montréal a un jeune contingent en apprentissage. Il a besoin de grands frères dans le vestiaire, surtout après le départ à la retraite de David Savard.