Le Canadien aura besoin d’un autre miracle

Marc de Foy
Martin St-Louis le martèle depuis deux jours. Pour remporter le cinquième match de sa série contre les Capitals, le Canadien devra être en contrôle de la situation. Ou, comme il le dit en utilisant l’expression anglaise, aller chercher le momentum.
Inscrire le premier but, et ce, le plus tôt possible pourrait être un gros avantage, comme me l’a dit Serge Savard lundi. J’ajouterai que ce sera une nécessité absolue.
Le Tricolore n’a ouvert la marque qu’une fois depuis le début des séries. C’était lors du deuxième match à Washington, alors que Christian Dvorak avait compté après 76 secondes de jeu en deuxième période. Cette priorité fut de courte durée, puisque Connor McMichael créa l’égalité 2m31s plus tard. Les Capitals l’ont emporté 3 à 1.
La troupe de St-Louis n’a pas eu les devants souvent jusqu’ici. En fait, elle n’a détenu l’avance que durant 30m19s sur un total de 242m26s de jeu. Ça représente un maigre 12% du temps joué.
Plusieurs joueurs amochés
Le Canadien pourra-t-il renverser la tendance ce soir? À voir le nombre d’absents de la séance d’entraînement d’hier à Brossard, l’effectif est décimé. Cinq joueurs manquaient à l’appel.
Alexandre Carrier, qui a été happé par le train Wilson lors de la rencontre de dimanche, est du voyage à Washington. Mais on peut penser que c’est loin d’être la forme. Samuel Montembeault n’est toujours pas en mesure de s’entraîner.
Les valeureux combattants que sont David Savard, Brendan Gallagher et Josh Anderson étaient à l’infirmerie pour y subir des traitements. Patrik Laine, qui a raté les deux matchs à Montréal, était sur la glace, mais sa main blessée l’incommodait.
On parle donc d’au moins six joueurs qui ne sont pas au sommet de leur condition. Il y en a probablement d’autres.
Les Capitals ont aussi leurs blessés, comme toutes les autres équipes encore en lice dans les séries. Personne n’y échappe. Tous les coups sont permis. Les séries éliminatoires de la LNH sont une guerre appuyée par ses dirigeants.
Ils devront tout donner
J’aimerais être optimiste, mais ça va prendre un miracle pour que le Canadien revienne en ville avec une deuxième victoire dans ses bagages. Ses joueurs devront laisser leur cœur et leurs tripes sur la patinoire.
Remarquez bien qu’ils disputent du hockey des séries depuis plus de deux mois. Leur présence en séries est un petit miracle en soi.
«Cette facette pourrait sûrement nous aider, m’a dit Kaiden Guhle, qui, à l’instar de Carrier, a subi lui aussi sa part de mises en échec.
«L’expérience que l’on a acquise en disputant des rencontres cruciales pendant plusieurs semaines pourrait nous servir.»
Quelle équipe aura le plus de pression?
Celle qui veut en finir au plus vite ou celle pour qui la saison est en jeu?
«Probablement celle à qui il ne manque qu’une victoire pour mettre fin à la série. De notre côté, on n’a rien à perdre», répond Guhle.
Le défenseur, ses coéquipiers ainsi que leur entraîneur ne pensent pas plus loin que ce soir.
«On ne regarde pas la montagne, on regarde le [prochain] match», souligne St-Louis.
Avoir la foi
L’ancien releveur étoile des Mets de New York et des Phillies de Philadelphie Tug McGraw s’écrierait: «Il faut y croire!» Les moins jeunes se rappelleront l’expression «Ya Gotta Believe», popularisée par McGraw. La formule est devenue un classique du lexique sportif pour les causes désespérées.
McGraw avait lancé ce cri de ralliement avant la Série mondiale qui avait opposé les Mets aux A’s d’Oakland en 1973. C’était l’année où les Expos avaient livré bataille jusqu’en septembre pour le premier rang de leur division; ils n’en étaient qu’à leur cinquième saison dans la MLB.
Les Mets avaient finalement terminé premiers avec une fiche de seulement deux matchs supérieurs à ,500 avant de causer une énorme surprise en disposant des puissants Reds de Cincinnati en série de championnat de la Ligue nationale. Champions en titre de la Série mondiale, les A’s avaient eu besoin de sept matchs pour en venir à bout.
Les livres d’histoire sportifs sont remplis d’histoires de ce genre. En 2010, le Canadien avait comblé un déficit de 1-3 pour sortir les Capitals des séries. Ces derniers avaient devancé le Tricolore par 33 points au classement.
C’est vrai qu’il ne faut pas regarder la montagne. Mais ça va prendre un effort surhumain, voire miraculeux, pour que le Canadien prolonge cette série.
On connaîtra la réponse vers 21h30 ce soir ou plus tard s’il y a prolongation.