Le Canada va reconnaître l’État de Palestine en septembre

Raphaël Pirro
Le gouvernement de Mark Carney s’engage à reconnaître l’État de Palestine lors de la prochaine Assemblée générale des Nations Unies au mois de septembre.
«Cette intention repose sur la volonté de l’Autorité palestinienne de mener des réformes essentielles, notamment, la promesse de son président, Mahmoud Abbas, d’organiser des élections générales en 2026 et de ne pas militariser l’État palestinien», a déclaré le premier ministre en conférence de presse à Ottawa mercredi.
Le Hamas doit être formellement écarté de toute activité officielle, sans quoi le Canada pourrait revenir sur son engagement.
M. Carney en est venu à cette conclusion au terme d’une rencontre virtuelle avec ses ministres organisée d’urgence, mercredi.
Les Nations Unies font état d’une «famine généralisée», tandis que le nombre de morts a dépassé le seuil des 60 000 depuis le début de l’offensive israélienne, en octobre 2023, selon le ministère de la Santé de Gaza.
Même le président Donald Trump a évoqué une «vraie famine».
«L’aggravation des souffrances des civils ne laisse aucune place au report d’une action internationale coordonnée visant à soutenir la paix, la sécurité et la dignité de toute vie humaine», a soutenu M. Carney.
L’ambassade d’Israël furieuse
L’ambassade d’Israël a furieusement réagi à l’annonce.
«Soyons clairs: Israël ne cédera pas à la campagne de pression internationale déformée qui s’exerce contre lui», a écrit l’ambassadeur Iddo Moed.
Dans un communiqué, le Parti conservateur du Canada dit toujours privilégier une solution à deux États, mais déclare que la reconnaissance de l’État palestinien à ce stade-ci «envoie un mauvais message au monde entier».
«Si le gouvernement reconnaît l’État palestinien maintenant, il est impossible que le Hamas ne joue pas un rôle central.»
La pression monte
La pression sur le gouvernement canadien a monté d’un cran dans les dernières semaines, à mesure que s’empilaient les rapports sur la famine désormais omniprésente dans la bande de Gaza.
Près de 200 anciens diplomates canadiens, incluant deux anciens ambassadeurs en Israël, ont fait parvenir une lettre à Mark Carney l’invitant à reconnaître un État palestinien.
La pression est même venue de l’interne: une poignée de députés libéraux membres du gouvernement ont imploré leur chef d’agir de manière décisive.
Du mouvement en Europe
À la surprise générale, le président français, Emmanuel Macron, a annoncé jeudi dernier que la France reconnaîtrait l’État de Palestine lors de la prochaine Assemblée générale de l’ONU.
C’était hier au tour de Keir Starmer, le premier ministre britannique, de durcir le ton envers Israël en lui faisant des demandes sans quoi il emboîterait le pas à la France.
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a accusé le Royaume-Uni et la France de «récompenser le terrorisme».
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