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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Le Canada, «un pays artificiel»: Blanchet persiste et signe dans sa déclaration qui choque

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Photo portrait de Raphaël Pirro

Raphaël Pirro

2025-04-26T17:54:43Z
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Malgré une pluie de critiques qui ne lui fait ni chaud ni froid, Yves-François Blanchet persiste et signe: le Canada est bel et bien «un pays artificiel avec très peu de signification». Un commentaire qui suscite la controverse en fin de parcours électoral.

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«Ce n’est pas une insulte que de faire le constat que le collage qui est le Canada, s’il se construit en niant l’identité de ses régions et du Québec, ne peut être qu’un pays artificiel», a-t-il déclaré.

Dans la région de l’Abitibi pour la journée, le chef bloquiste assure qu’«il n’y avait rien d’irrespectueux dans le commentaire». De toute façon, il n’est «pas très bon dans les regrets», dit-il.

«Il n’y avait rien d’insultant dans la démarche, mais ça pourrait avoir touché des susceptibilités», a-t-il reconnu. «L’enjeu devient canadien, parce que pour le Québec, ce n’en est pas un.»

Un propos «insultant»

«Qu’on le veuille ou non, nous faisons partie d’un pays artificiel, qui a très peu de signification, appelé le Canada», a dit hier M. Blanchet en anglais.

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Depuis, le chef bloquiste reçoit un torrent de commentaires dans les réseaux sociaux et des voix se sont élevées dans la classe politique pour le dénoncer. Sa déclaration détonne, surtout en cette période où le nationalisme canadien a la cote.

«Consterné», le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, lui a adressé une longue lettre dans laquelle il lui demande de revenir sur ses paroles ou de renoncer à se faire élire au Parlement à Ottawa.

«Je trouve difficile de trouver les mots pour décrire à quel point cette déclaration est insultante pour tous les Canadiens et pour notre grande nation», écrivait M. Houston hier.

On a également demandé au chef libéral Mark Carney de commenter la controverse, samedi.

«C’est [aux] autres de juger ses commentaires», a dit M. Carney. «Moi, je les rejette complètement. Je suis fier d’être Canadien. Il y a beaucoup [de raisons] d’être fier du Canada. C’est un pays incroyable, un pays unique.»

Pierre Poilievre trouve «insultants et faux» les commentaires de M. Blanchet.

«Le Canada est un pays fort, fier et souverain avec une riche histoire. En tant que premier ministre, je défendrai toujours le Canada et le rendrai plus fort que jamais», a déclaré dans X le chef conservateur.

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Un constat inspiré de... Justin Trudeau

Pour défendre son point, Yves-François Blanchet a ramené à l’avant-plan la philosophie de Justin Trudeau qui, dans des mots désormais célèbres, avait décrit le Canada comme le «premier État postnational», une expression qu’il aurait empruntée à Jean Chrétien.

«Monsieur Trudeau a dit que c’est un pays postnational, c’est une non-nation», s’est-il défendu.

«Ironiquement, c’est un pays postnational qui n’est pas une nation, mais qui veut centraliser les pouvoirs de tout le monde dans les mains d’Ottawa en utilisant le déséquilibre fiscal.»

Réitérant que le Canada est un «pays artificiel» qui «nie sa propre identité», M. Blanchet assure qu’il ne s’agit pas d’une «insulte», mais bien d’un constat vécu dans le «quotidien politique» à Ottawa.

«Il s’agit d’une observation du fait que les différentes régions du pays ont des problèmes différents [mais] sont regroupées pour servir principalement l’Ontario et la volonté [...] de concentrer les pouvoirs à Ottawa au lieu de respecter les régions.»

À ses critiques d’ailleurs au pays, il les invite à «faire comme nous», c’est-à-dire à fonder un «Bloc de l’Ouest», ou encore un «Bloc des Maritimes», autrement dit, des partis qui défendraient les intérêts de leur région à Ottawa.

«J’ai dit tant de fois qu’au lieu de nous haïr, vous devriez faire ce que nous faisons. Cela pourrait être utile. [...] Si tout le monde dans ce pays faisait comme nous, la dynamique de la politique à Ottawa serait tout à fait différente.»

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