Publicité
L'article provient de 24 heures

Le Canada rêve d’oléoducs: les projets envisagés par Carney, Legault et les autres politiciens

Photomontage Benoit Dussault
Partager
Photo portrait de Gabriel  Ouimet

Gabriel Ouimet

2025-06-04T21:17:42Z
Partager

En pleine guerre commerciale avec les États-Unis, Mark Carney et d’autres élus envisagent de construire un ou plusieurs oléoducs au pays pour réduire la dépendance du Canada au marché américain. Voici ce que l’on sait des principaux scénarios envisagés.

Pourquoi on parle autant d'oléoducs en ce moment? 

Il faut savoir que 90% du pétrole canadien est actuellement acheminé vers les États-Unis.

Pour pouvoir en exporter vers d’autres marchés, dont l’Asie, le premier ministre du Canada, Mark Carney, a ouvert la porte aux idées avancées par certains de ses homologues provinciaux qui demandent la construction d’un nouvel oléoduc et l’expansion des infrastructures pétrolières existantes. 

Quels sont les obstacles à ces projets?

Plusieurs enjeux pourraient cependant freiner l'expansion du réseau pétrolier au Canada, rappelle le chercheur au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CÉRIUM), Yvan Cliche.

«La principale contrainte de ces projets demeure l’acceptabilité sociale. Ensuite, les compagnies pétrolières demandent au gouvernement de les rassurer en garantissant qu’il n’y aura pas de nouveaux règlements ou de nouvelles contraintes qui viendraient perturber leurs projets en cours de route», détaille-t-il.

Pour qu’un nouveau développement pétrolier soit intéressant pour les entreprises, Ottawa devrait notamment assouplir certaines des réglementations adoptées par le gouvernement Trudeau, comme la loi C-69, qui encadre les évaluations environnementales des projets énergétiques.

Publicité

Aucun plan concret n’a été présenté pour l’instant, mais «les gouvernements semblent être ouverts à ces demandes», indique M. Cliche.

• À lire aussi: Voici comment ça marche, un bouclier antimissile

• À lire aussi: L’effritement de la démocratie américaine est plus inquiétant que vous ne le pensez

Un oléoduc au Québec?

Les dirigeants de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick et de l’Alberta font pression sur François Legault afin que le Québec accepte de faire passer un oléoduc sur son territoire. 

Le premier ministre québécois avait définitivement fermé la porte à cette idée en 2018, qualifiant le pétrole albertain d’«énergie sale».

Jusqu’à récemment, M. Legault affirmait également qu’il n’y avait pas d’acceptabilité sociale pour ce type de projet dans la province.

Mark Carney et François Legault
Mark Carney et François Legault Photos AFP et Stevens LeBlanc

Mais voilà qu’un sondage SOM effectué en février révèle que 51% des Québécois sont désormais favorables à la relance de tels projets en raison de la guerre tarifaire déclenchée par Donald Trump.

M. Legaul, lui aussi, a changé son fusil d’épaule. 

Il se dit maintenant ouvert à la construction d’un oléoduc en territoire québécois, à condition que les retombées économiques soient «intéressantes» pour la province. 

Cette semaine, il a même évoqué la construction d'un pipeline qui passerait au nord du Québec et déboucherait au port de Sept-Îles.

Un projet complexe 

Yvan Cliche estime toutefois qu'il serait ardu d'acheminer le pétrole des provinces de l’Ouest vers le Québec. 

«On parle de 4000 km de tuyaux. Ça va être compliqué, ça va être long et je doute que ça se réalise. Je parle souvent à des opérateurs de projets à Calgary et ce n’est pas le premier projet qu’ils ont en tête», affirme-t-il.

Publicité

En ce moment, environ 40% du pétrole acheminé vers les raffineries du Québec provient des États-Unis.

De nouveaux oléoducs dans l’Ouest?

La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, veut doubler la production de pétrole de sa province.

Elle évoque plusieurs projets pour y arriver, dont la construction d’un oléoduc qui relierait l’Alberta au port de Prince Rupert, en Colombie-Britannique, et au port de Churchill, au Manitoba.

Photo d'archives, Getty Images
Photo d'archives, Getty Images

Mark Carney s’est dit ouvert à l’idée, mais le gouvernement de la Colombie-Britannique a exprimé des réserves quant à la construction d’un nouvel oléoduc sur son territoire.

Le premier ministre canadien envisage aussi de créer un corridor énergétique qui inclurait un oléoduc pour relier le nord-ouest du Pacifique à la baie d’Hudson et à Grays Bay, au Nunavut.

Du pétrole vert, c'est possible?

Mark Carney et certains premiers provinciaux ont évoqué cette semaine la possibilité de rendre le pétrole des sables bitumineux plus vert en le décarbonant. 

L'idée serait de capturer et de stocker une partie du carbone émis lors de l'extraction, de la transformation, du transport et de l'utilisation de ce pétrole. 

Selon ces politiciens, le projet serait financé avec les barils supplémentaires de pétrole que pourrait exporter le Canada grâce à ses nouveaux oléoducs. 

De nombreux experts environnementaux estiment cependant qu’il est impossible de produire du pétrole à faible émission de carbone.

Publicité
Publicité