Le Canada ne peut échapper l’or en Italie

Jean-Charles Lajoie
Le hockey est notre sport national ici, au Canada. Hélas, de toute évidence, il ne nous reste que quelques endroits où nous pouvons le confirmer hors de tout doute raisonnable.
La Confrontation des 4 nations fut l’un de ces endroits. La Coupe du monde présentée par la Ligue nationale est une autre occasion de faire briller nos meilleurs éléments au-delà de ceux des autres nations de hockey de la planète.
Le plus grand et plus fort point de mire demeure toutefois les Jeux olympiques d’hiver. L’inclusion des pros de la LNH fera passer ce rendez-vous «amateur» dans les plus hautes sphères du hockey «professionnel», la disette sans joueurs du circuit Bettman ayant édulcoré lamentablement le tournoi de hockey masculin aux JO d’hiver.
Le retour des meilleurs en Italie en février prochain est aussi prometteur qu’invitant. Le Canada y défendra alors son titre des 4 nations, ainsi que ses titres olympiques de 2002 à Salt Lake City, de 2010 à Vancouver et de 2014 à Sotchi.
Trois fois en cinq présences aux JO, les pros de la LNH ont ramené l’or en sol canadien. Ils iront pour un quatrième titre en 2026, un dixième dans leur histoire, les six premiers ayant toutefois été remportés entre 1920 et 1952.
Pendant de nombreuses années, je voyais les JO comme un rendez-vous des plus agréable avec du hockey à son meilleur et la fierté de voir les nôtres gagner.
Avec la dégénérescence de nos élites sur glace, la faillite annoncée de notre développement amateur, la structure qui pourrit les meilleurs talents en devenir, avec le fossé en apparence impossible à combler entre les mieux et les moins bien nantis de notre société, le hockey est désormais le sport des riches, avec ce que tenter «d’acheter» un succès comporte.
Sans compter l’envie. L’envie de ces familles plus scolarisées et en moyens qui veulent offrir le meilleur encadrement à leur progéniture.
C’est précisément à ce moment que ces parents aimants deviennent tous des Elvis Gratton, «ils l’ont-tu l’affaire, les Amaricains».
L’exode de certains de nos meilleurs talents qui quittent nos ligues juniors pour un gros chèque et un diplôme reconnu internationalement n’est rien pour ralentir la chute de notre sport national.
Pour toutes ces raisons, et tandis que l’on peut encore bénéficier de talents tels que Sidney Crosby, Nathan MacKinnon, Brayden Point, Cale Makar et tous les autres, le tournoi olympique de hockey masculin devient crucial à mes yeux.
C’est le dernier bastion existant qui permet au Canada d’affirmer une supériorité qui risque de ne pas durer encore longtemps, à moins d’un revirement de situation à ce jour des plus improbable. Notre nation se doit de triompher en Italie, ne serait-ce que pour saluer une dernière fois le légendaire Crosby sur la scène internationale.
Pour y parvenir, elle ne doit lésiner sur aucun détail. Et c’est ce qui m’inquiète. L’annonce de la nomination des six premiers joueurs par les nations en vue des Jeux de Milano Cortina m’a laissé un brin perplexe.
Bien entendu, aucune question sur «Sid the Kid», son frère de sang MacKinnon et sur le Bobby Orr des temps nouveaux Cale Makar. Je pense aussi que Brayden Point avait tout lieu de se retrouver sur cette affiche première. Et comment ignorer Connor McDavid, auteur du but gagnant de la Confrontation des 4 nations?
Mais de compléter le top 6 avec Sam Reinhart m’a un brin chatouillé. À Sam pour Sam, me semble que Sam Bennett aurait amplement mérité de se retrouver sur cette courte et relevée liste.
À la limite, Brad marchand avant Reinhart. Pas de scandale ici, à la fin, les deux Sam y seront et je pense que Marchand se magasine aussi avec beaucoup d’insistance une sélection.
Mais comme le veut l’expression, on n’a jamais deux chances de réussir une bonne première impression.