Le Canada n’a encore saisi aucun bien d’oligarques
Plus de 500 individus et entreprises russes sont pourtant ciblés par Ottawa


Jean-François Cloutier
Les autorités canadiennes n’ont encore saisi aucun actif appartenant à des oligarques et proches du pouvoir russe, trois semaines après le déclenchement de la guerre en Ukraine.
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Le Canada a annoncé, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, un train de sanctions économiques visant à punir des proches du président russe, Vladimir Poutine.
Plus de 500 individus et entreprises russes sont visés par une loi qui les empêche de commercer avec le Canada.
« La GRC [Gendarmerie royale du Canada] n’a saisi aucun bien à ce jour », nous a indiqué la police fédérale en réponse à un courriel.
Plus tôt cette semaine, le ministère Affaires mondiales Canada nous avait renvoyé à la GRC à la suite de questions de notre Bureau d’enquête à ce sujet.
- Écoutez l’entrevue de Richard Martineau avec Jean-François Cloutier, journaliste au Bureau d’enquête de Québecor sur QUB radio :
De plus, il n’a pas été possible de savoir si des comptes bancaires appartenant à des intérêts russes ont été gelés au Canada depuis l’invasion.
« La GRC est [...] en étroite communication avec les institutions financières à ce sujet, étant donné qu’une obligation de communication à la GRC leur est imposée », s’est limitée à nous dire la police fédérale.
L’Association des banquiers n’avait pas donné suite à un message sur cette question en fin de journée hier.
Rappelons qu’au moins un oligarque russe visé par des sanctions, Roman Abramovitch, a des intérêts au Canada dans une compagnie d’acier, Evraz.

Difficile d’appliquer la loi
Selon D.T. Cochrane, économiste à l’organisme Canadiens pour une fiscalité équitable, il est loin d’être acquis qu’Ottawa sera en mesure de faire appliquer sa loi.
« Ça va être extrêmement difficile », dit-il, critiquant notamment le manque de transparence des registres d’entreprises canadiens.
« Les mesures spécifiquement imposées par le Canada ne vont pas faire très mal à la Russie », affirme, de son côté, le professeur au Département des sciences économiques de l’UQAM Florian Mayneris.
- Écoutez la rencontre Foisy-Robitaille avec Philippe-Vincent Foisy, Antoine Robitaille et Benoit Dutrizac sur QUB Radio:
Selon lui, cela s’explique par les faibles relations économiques entre les deux pays.
Il se refuse toutefois à parler d’une opération de relations publiques du fédéral.
Initiative des États-Unis
Le gouvernement américain a annoncé hier qu’il a mis sur pied une équipe multilatérale, incluant le Canada, affectée à l’identification des actifs d’oligarques.
« De l’information fournie par les autorités américaines à des partenaires étrangers a permis l’immobilisation de nombreux bateaux », souligne un communiqué.