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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Le Canada doit absolument recruter d'autres soldats pour assumer son rôle

Des renforts seront nécessaires pour maintenir notre engagement en Europe

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Photo portrait de Anne Caroline Desplanques

Anne Caroline Desplanques

2025-02-08T05:00:00Z
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Notre armée est-elle aussi faible que Donald Trump le laisse entendre? Le président américain reproche au Canada de ne pas investir suffisamment sur le plan militaire. Pendant ce temps, l’essentiel du matériel et des soldats aptes au combat des Forces armées canadiennes sont postés aux portes de la Russie, en Lettonie. Notre Bureau d’enquête s’est penché sur notre engagement dans ce pays afin de faire le point sur l’état de nos troupes.


Le Canada est engagé en Lettonie dans une mission qui pourrait bien durer des décennies, mais nous n’avons pas suffisamment de militaires pour maintenir notre engagement à long terme, préviennent les chercheurs.

«Considérant les actions de la Russie et ce qui se passe en termes de menaces, nous nous attendons à ce que le Canada soit ici pour longtemps», a déclaré en novembre la générale Jenni Carignan, cheffe d’état-major de la Défense.

Pour remplir sa mission, le Canada envoie un nouveau contingent tous les six mois. Mais nous avons si peu de soldats qu’une même équipe peut être déployée plusieurs fois.

Le ministre de la Défense Bill Blair en visite au camp Adazi en Lettonie le 16 décembre 2024.
Le ministre de la Défense Bill Blair en visite au camp Adazi en Lettonie le 16 décembre 2024. Photo fournie par les Forces armées canadiennes

Au 30 septembre 2024, la Force régulière comptait 63 863 membres et 22 935 membres de la réserve primaire. Mais 58% seulement sont jugés capables de répondre à un appel de l’OTAN en cas de crise, d’après des documents internes obtenus par CBC.

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Le ministre de la Défense, Bill Blair, martèle sur toutes les tribunes que le recrutement est sa priorité numéro un et l’armée multiplie les initiatives en ce sens. Elle a par exemple ouvert ses portes aux résidents permanents.

David Perry, président de l’Institut canadien des Affaires étrangères, explique que nos troupes compensent leur faible nombre par les compétences uniques qu’elles apportent au sein de l’OTAN, en particulier en organisation, ce qui est un élément clé pour diriger une brigade comme celle de Lettonie.

Dans trois ans, on fait quoi?

Toutefois, dit-il, pour maintenir un engagement humain à long terme en Europe et avoir suffisamment de personnel pour intervenir ailleurs en cas de besoin, notre armée doit absolument gonfler ses effectifs.

«Les rotations fréquentes mettent nos forces à rude épreuve», indique le titulaire de la chaire Paterson en affaires internationales de l’Université Carleton, Stephen Saideman, qui a visité nos soldats en Lettonie plusieurs fois.

Si bien que le rythme actuel de rotation ne pourra pas être maintenu plus de trois ans, évalue Justin Massie, du Réseau d’analyse stratégique de l’Université du Québec à Montréal.

Une mission séduisante pour recruter

Les soldats déployés en Lettonie en reviennent gonflés de fierté de participer à une mission qui devrait convaincre plus de Canadiens de s’enrôler, croient-ils.

«On participe à quelque chose de plus grand que nous: aider un allié à se défendre. C’est exceptionnel», lance l’adjudant-maître Rémy Pichette, depuis la base d’Adazi où nous l’avons joint.

Membre des Voltigeurs de Québec, il a laissé derrière lui sa fille de 14 ans et sa conjointe pour passer huit mois à la frontière russe. Après la Bosnie et l’Afghanistan où il a aussi servi, la base lettonne est la plus confortable qu’il ait connue. L’eau chaude, l’internet, la lumière le soir, une salle de sport, on est loin des montagnes afghanes.

Pour le vétéran, c’est un terrain idéal où effectuer un premier déploiement, comme l’a fait la caporale Ariane Lebel, 24 ans. Après six mois en Lettonie, la jeune femme est convaincue de poursuivre sa carrière militaire, même si son nid douillet à Trois-Rivières lui manque.

Entraînement intense

Tout au long de leur séjour, les soldats sont poussés à leurs limites. Ils multiplient les exercices basés sur des scénarios d’invasion russe. Des chars d’assaut grondent dans les forêts, des fantassins creusent des tranchées, testent des drones-espions, déchargent constamment de nouvelles cargaisons de matériels, etc.

Mission de reconnaissance de la marine durant un exercice amphibie sur la rivière Bullupe près de Riga en Lettonie le 21 août 2024
Mission de reconnaissance de la marine durant un exercice amphibie sur la rivière Bullupe près de Riga en Lettonie le 21 août 2024 Photo fournie par les Forces armées canadiennes

L’entraînement est intense, exigeant, et le soir les soldats partagent leur espace de vie avec quatre autres personnes, loin de leurs proches. Pendant six mois, la caporale Lebel a tendu une corde à linge autour de son lit superposé pour gagner un peu d’intimité.

«C’est pas le même confort qu’à la maison. J’ai hâte de retrouver mon lit», souffle-t-elle la veille de son retour au pays.

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