Le Canada, la Couronne britannique et le discours du roi


Mathieu Bock-Côté
Il y avait quelque chose d’absolument lunaire à entendre Mark Carney expliquer que Charles III viendra lire le discours du trône, le 27 mai, pour affirmer la souveraineté canadienne face aux ambitions impériales américaines.
Autrement dit, quand vient le temps de tenir tête à Donald Trump et ses lubies annexionnistes, le Canada n’a rien de mieux à faire que d’aller chercher au musée des antiquités britanniques un roi un peu niais, qui a attendu toute sa vie pour enfin jouer un rôle de figuration, et qui s’est entre-temps occupé à embrasser tous les symboles du politiquement correct.
Grande-Bretagne
Le Canada confesse son vide identitaire, son incapacité à se définir lui-même, en allant chercher dans sa métropole impériale l’illusion d’une identité substantielle qu’il n’est pas capable de produire lui-même.
On dira: certes, mais le Canada anglais tient à la monarchie. C’est vrai. Grand bien lui fasse.
Le Canada, au fil de son histoire, a toujours eu besoin d’une référence extérieure.
Ce fut la Grande-Bretagne, puis les États-Unis, avant qu’il ne se convertisse à l’ONU, dont il se voulait le meilleur élève.
Il revient ici à ses origines – et manifestement, elles n’ont rien à voir avec les deux peuples fondateurs.
Ses origines sont britanniques.
Et on tombe ici sur la question du Québec qui, légitimement, alterne entre l’indifférence et l’hostilité à l’endroit de la Couronne anglaise.
Comment ne pas voir dans la présence de Charles III un symbole de son aliénation néocoloniale dans le Canada?
Bloc
Faut-il rappeler que PSPP, le chef du PQ, a connu son envol lorsqu’il a contesté la désuète et coloniale coutume voulant que les députés québécois prêtent serment au roi avant de pouvoir siéger. Il est parvenu à la faire tomber à Québec.
Que feront les députés du Bloc Québécois? Se comporteront-ils comme des enfants sages?
Ou nous surprendront-ils par un coup d’audace?