Le Canada et l’économie de guerre


Loïc Tassé
Le nouveau premier ministre du Canada devra préparer le pays à la guerre. À la guerre économique, mais possiblement aussi, à une guerre militaire. Une guerre économique contre les États-Unis. Une guerre militaire contre d’autres agresseurs potentiels, la Russie par exemple, si jamais les États-Unis décidaient de ne pas aider le Canada à se défendre. Et il n’est pas si certain que Donald Trump ne déclencherait pas une opération militaire contre le Canada. En tout cas, il vient de commencer à manipuler les esprits en ce sens. La préparation du Canada à la guerre se fait avec l’espoir qu’elle découragera un ennemi d’attaquer le pays, parce que le prix qu’il aurait à payer serait trop élevé. Malheureusement, cela signifie que nous sommes forcés d’entrer dans une économie de guerre, militaire et commerciale.
1) Comment Trump prépare-t-il les esprits à la guerre contre le Canada?
La guerre tarifaire de Trump va au-delà d’une position de négociation. Trump a répété à plusieurs reprises qu’il voulait annexer le Canada. Il serait plus rentable pour lui d’annexer un territoire à peu près intact, plutôt qu’un territoire en partie détruit par la guerre. De plus, Trump a commencé à contester les frontières entre le Canada et les États-Unis. Il s’agit d’une menace contre le territoire canadien. Trump a aussi ébauché un argumentaire classique pour ce genre d’opération. Selon lui, les États-Unis seraient plus complets avec le Canada. Il ajoute que les Canadiens paieraient moins d’impôt – ils recevraient aussi beaucoup moins de services, mais Trump n’en discute pas.
2) Qu’est-ce qu’une économie de guerre?
De manière générale, une économie de guerre est une économie qui est réorientée de force par le gouvernement pour accroître le potentiel de guerre d’un pays. Une telle économie privilégie donc les besoins de l’armée, au détriment de ceux moins immédiats de la population. En période de guerre, une part très importante du PIB peut être engagée au soutien des activités militaires. Une telle économie peut se révéler très dynamique, tant que le pays concerné ne perd pas la guerre et tant qu’il dispose de suffisamment de main-d’œuvre, de ressources et d’équipements.
3) Une guerre commerciale est-elle semblable à une guerre militaire?
Une guerre commerciale est différente. Le Canada possède pour le moment l’immense avantage de se retrouver dans le même camp que celui de la plupart des alliés des États-Unis. Par conséquent, il possède de nombreux autres marchés extérieurs que celui des États-Unis. Les visites pressenties de Mark Carney en Angleterre et en France signalent cette réalité. Une guerre commerciale implique un énorme soutien financier aux entreprises pour les aider à passer le cap de la transition vers d’autres marchés. Dans une telle guerre, les gouvernements doivent tenter le plus possible de préserver le pouvoir d’achat des consommateurs.
4) Faut-il redouter une guerre classique?
Les ambitions de la Chine et de la Russie dans le territoire arctique sont connues. Le Canada aurait du mal à se défendre seul contre ces pays. En temps normal, jamais les États-Unis n’accepteraient un renforcement de la présence chinoise ou russe en Arctique. Mais les États-Unis pourraient profiter de ce genre de conflit pour déplacer leurs frontières au nord comme au sud.
5) Comment financer des préparatifs de guerre?
Les ressources des États demeurent les mêmes: les taxes, les impôts et les emprunts. Le gouvernement pourrait aussi couper dans quelques services, cependant, le soutien à de telles coupes reste très faible.