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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Le Canada est démuni contre Kim Jong Un

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Anne Caroline Desplanques | Journal de Montréal

2022-03-26T01:22:23Z
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Le Canada serait incapable de se défendre contre des missiles comme celui tiré cette semaine par la Corée du Nord et rien n’obligerait les États-Unis à nous protéger.

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«Quand vous regardez de près nos accords, il n’y a pas de garantie que les États-Unis nous défendraient contre une quelconque agression, par les airs, le sol ou la mer», a déclaré le major général à la retraite Walter Semianiw, en comité parlementaire cette semaine.

La photo du lancement, prise jeudi, que le gouvernement nord-coréen a diffusée aujourd'hui.
La photo du lancement, prise jeudi, que le gouvernement nord-coréen a diffusée aujourd'hui. Photo AFP

La Corée du Nord a lancé jeudi, à quelques kilomètres du Japon, un puissant missile balistique intercontinental qui aurait la capacité d’atteindre la côte ouest de l’Amérique du Nord.

«Le Canada demande à la Corée du Nord de cesser immédiatement les lancements et les essais de missiles», a réagi Affaires mondiales Canada, appelant Pyongyang à «dialoguer avec la communauté internationale».

Kim Jong Un, vêtu de son habituel blouson de cuir noir et entouré des habituels militaires lèche-bottes, s’est affiché tout sourire sur les images publiées aujourd'hui par les médias d’État à la suite du lancement.
Kim Jong Un, vêtu de son habituel blouson de cuir noir et entouré des habituels militaires lèche-bottes, s’est affiché tout sourire sur les images publiées aujourd'hui par les médias d’État à la suite du lancement. Photo AFP

Un coup de dés 

Dans l’éventualité d’une attaque en notre direction, les Canadiens ne pourraient compter que sur la bonne volonté de leurs voisins pour les défendre, a expliqué le professeur James Fergusson du Center for Defence and Security Studies de l’Université du Manitoba.

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«On ne participe pas. On ne s’engage pas. On n’investit pas. Donc c’est en quelque sorte un coup de dés pour le Canada. [L’intervention des États-Unis] dépend d’une variété de scénarios stratégiques: de quoi aurait l’air le jet de missiles, où il irait, à quelle vitesse il pourrait être identifié», a-t-il indiqué devant les parlementaires.

M. Ferguson a néanmoins souligné que la proximité de la plupart de nos grandes villes de la frontière américaine joue en notre faveur. Pour lui, une attaque de la Russie, de la Chine ou de la Corée du Nord ne ferait pas la différence entre le Canada et les États-Unis.

«Ils comprennent très clairement que nous sommes économiquement intégrés. Ils nous considèrent, à mon avis, comme une seule et même cible», a-t-il dit. 

Radars inutiles 

«La menace des missiles est réelle», a convenu Stephen Saideman, de la Norman Paterson School of International Affairs de l’Université Carleton.

Il a souligné que même si nos voisins voulaient bien nous défendre, «nous serions vulnérables de toute façon» en raison de la vétusté de nos systèmes de détection de missiles.

Les radars sur lesquels s’appuie le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD) sont en effet incapables de détecter les missiles de croisière de longue portée qui pourraient être envoyés de la Russie par le cercle polaire, a expliqué le professeur Robert Huebert de l’Université de Calgary.

Devant le comité parlementaire, M. Huebert, expert de la sécurité et de la souveraineté de l’Arctique, a ajouté que notre réseau de radars dans le nord est aussi aveugle devant les missiles hypersoniques. Ces armes, que Moscou dit utiliser en Ukraine, ont atteint des cibles aussi loin qu’à 2000 km à cinq fois la vitesse du son.

Le missile nord-coréen, lui, serait capable de transporter plusieurs ogives conventionnelles ou nucléaires suivant chacune une trajectoire indépendante, ce qui les rend difficiles à intercepter par les systèmes antimissiles.

L’Asie sous tension 

La démonstration de force de la Corée du Nord, un des rares alliés de la Russie, intervient en pleine guerre en Ukraine, mais aussi alors que la Chine a déployé des forces militaires jamais vues dans la région indopacifique depuis la Seconde Guerre mondiale.

L’armée américaine a révélé cette semaine que la Chine a construit plusieurs bases militaires sur des îles artificielles qu’elle a érigées sur des récifs coralliens au sud de la mer de Chine, dans un secteur contesté où Pékin dispute des territoires que revendiquent aussi les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, Brunei et Taiwan.

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