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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Le «Canada d’abord» au lieu du «Québec d’abord» de François Legault face à Donald Trump

Donald Trump et François Legault
Donald Trump et François Legault Photos MEGA/WENN et Stevens LeBlanc
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Photo portrait de Philippe Léger

Philippe Léger

2025-02-14T05:00:00Z
2025-02-14T05:10:00Z
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Si on devait résumer le logiciel classique de François Legault face au Canada, cela pourrait tenir en quelques mots: le Québec d’abord, en dépit du Canada.

Toutefois, depuis le début de l’épisode des tarifs, la logique s’est inversée.

Comme si en étant sous le bouclier canadien, les épaules coincées entre les premiers ministres des autres provinces, il s’était convaincu que la solidarité canadienne allait renforcer le Québec.

Legault devrait se smithiser

Prenez Danielle Smith, la PM de l’Alberta, qui a décidé de ne pas embarquer de facto dans le traîneau canadien. La critique est venue rapidement, notamment du Québec.

Nonobstant notre opinion sur elle et l’Alberta, on devrait plutôt comprendre Smith.

Doug Ford instrumentalisait le pétrole albertain – en menaçant de fermer le robinet – pour protéger son industrie automobile. Ford demandait la même chose à Legault, soit de menacer de couper l’électricité exportée aux États-Unis. Legault accepta pour donner une apparence d’unité au Canada.

Smith, dans ce cas, a défendu les intérêts albertains d’abord, quitte à déranger.

Certains ont accusé Legault de faire du tourisme à Washington.

Injuste, certes. Il donnait surtout l’impression de vouloir être premier ministre... du Canada.

Il souhaite renégocier l’ACEUM, même si la première victime, ce serait la gestion de l’offre, et que Dominic Leblanc ait refusé.

Il réfléchit à des contre-tarifs sur l’aluminium. Un petit détail: il n’a pas ce pouvoir, c’est Ottawa qui décide.

Il parle aussi de compromis possibles sur l’aluminium, le bois et l’aéronautique.

Le pommier canadien

Dans toute cette tempête post-factuelle trumpienne, on peut s’accrocher à deux vérités.

Ce sera le prochain gouvernement canadien qui négociera avec Trump. Ensuite, aussi platonique que ce soit, il n’existe pas de solutions magiques, juste des solutions du moins pire.

Donc, pour Legault, que reste-t-il?

Renforcer son rapport de force à l’intérieur du Canada. Il y a là pour un gouvernement autonomiste une occasion d’utiliser cette crise pour protéger d’abord les intérêts québécois, et maximiser l’autonomie québécoise, quitte à secouer le pommier canadien.

Que dit l’adage déjà? Chaque crise est une occasion.

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