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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Le Canada anglais est mort de rire

Photo AFP
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Photo portrait de Joseph Facal

Joseph Facal

2025-05-01T04:00:00Z
2025-05-01T04:15:00Z
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Il nous regarde et se croise les jambes, tellement c’est drôle.

Et comment le blâmer?

Voici donc ce Québec français qui se dit différent, qui se dit fier, qui veut être respecté.

Souvent, ce Québec rouspète. Il paraît même qu’il a déjà menacé de faire ses valises et de claquer la porte.

Incohérences

Ce Québec supposé être l’éternel trouble-fête du Canada, le mouton noir, vient de donner 43 sièges au PLC, l’adversaire historique le plus implacable, le plus acharné du Québec français.

Imaginez lorsque François Legault demandera quelque chose à Ottawa.

Il se fera dire non encore plus vite que dans le temps de Justin Trudeau.

Mark Carney pourra lui répondre: je représente le Québec autant que vous, M. Legault, regardez comment les Québécois ont voté.

Exactement ce que Trudeau père répondait jadis à René Lévesque.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

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Zéro rapport de force maintenant.

Un vote, voyez-vous, entraîne des conséquences réelles et durables.

Je veux bien admettre que Trump n’est pas reposant, que Poilievre n’impressionne personne, et que le Bloc ne gouvernera jamais.

Il reste que les Québécois se sont jetés dans les bras du parti qui leur a enfoncé une Constitution dans la gorge, dont les effets nocifs se font sentir tous les jours, qui envahit leurs juridictions, qui les étrangle délibérément sur le plan fiscal, qui favorise l’Ontario depuis toujours, qui a triché massivement lors du référendum de 1995, qui a menacé de démembrer notre territoire, qui planifie notre noyade démographique par l’immigration, qui nous a endettés pour des générations, et qui a été empêtré dans d’innombrables scandales.

Enlevez de l’équation les anglophones (8% de la population du Québec) et les allophones (14%), dont on peut comprendre qu’ils aient un cadre de référence différent, et il reste que bon nombre de francophones ont appuyé le parti qui a le plus activement lutté contre leur intérêt collectif depuis des générations.

Inculture politique? Amnésie? Peur? Un peu de tout ça.

Remarquez qu’il y a de nombreux précédents à ce masochisme politique.

En 2011, Jack Layton, un parfait inconnu au Québec, sourit à Tout le monde en parle et les Québécois se jettent dans les bras du NPD.

Les Québécois en ont assez du gouvernement Charest, l’envoient au banc des punitions pendant 18 petits mois, puis redonnent le pouvoir à Philippe Couillard, le premier ministre provincial le plus radicalement canadien de notre histoire moderne.

Les réponses pathétiquement ignorantes données aux questions de Guy Nantel ne sont pas proférées par des comédiens.

Une bonne partie de la gauche québécoise, qui se dit pourtant nationaliste, voire souverainiste, a basculé vers le PLC.

Ce sont les idiots utiles du régime canadien.

Sentiments

«La province de Québec n’a pas d’opinions, elle n’a que des sentiments», disait Wilfrid Laurier il y a plus d’un siècle.

Ça reste tristement vrai.

Je ne blâme pas le peuple. Il est le produit de siècles de domination économique et politique et de conditionnement psychologique.

Tendez l’oreille, concentrez-vous, et vous les entendrez rire à Toronto.

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