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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Le bureaucrate et la populiste

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Photo portrait de Loïc Tassé

Loïc Tassé

2022-04-11T09:00:00Z
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Au moment d’écrire cette chronique, tel que prévu...Emmanuel Macron et Marine Le Pen passent au second tour des élections présidentielles en France, avec respectivement environ 28 % et 23 %. Jean-Luc Mélenchon, avec près de 22 % des voix, a presque doublé Le Pen.

Les résultats des autres candidats sont anecdotiques.

C’est la grande surprise de ces élections. Les candidats des partis traditionnels tant de gauche que de droite se sont effondrés, avec chacun moins de 5 % de voix.

Même Éric Zemmour, avec environ 7 % des voix, arrive devant eux. Lui aussi a fait beaucoup moins bien qu’anticipé.

Désormais, la France est divisée en trois pôles.

Le premier, une gauche irrationnelle et romantique, est porté par Mélenchon.

Le second, nationaliste, anti-immigrant, anti-européen et pour un certain laissez-faire économique, est incarné par Marine Le Pen.

Le troisième, mondialiste, pro-immigration, pro-européen et pour une gestion technocratique de l’économie, est représenté par Emmanuel Macron.

  • Écoutez l'édito de Loïc Tassé à l'émission de Benoit Dutrizac diffusée chaque jour en direct 10 h 30 via QUB radio :

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Antipathie versus radicalisme adouci

Hier, au premier tour, les électeurs français ont voté pour leur candidat préféré. Au second tour, ils voteront pour celui qui leur paraît le moins pire.

À ce jeu, Le Pen et Macron génèrent des réactions passionnées chez leurs adversaires. Mélenchon et la plupart des autres candidats ont beau appeler à un vote de barrage contre Le Pen, les électeurs risquent de moins suivre leurs recommandations qu’aux élections présidentielles de 2017, alors que Macron avait obtenu environ 66 % des voix et Le Pen, 34 %.

C’est que pendant ses années de présidence, Macron a suscité beaucoup d’antipathie, tandis que Le Pen a adouci son image radicale.

Celui qui a le plus à perdre est Macron.

Arrivé trop jeune au pouvoir, avec trop peu d’expérience, il a fini par apprendre le métier de président. Sa gestion de la crise ukrainienne était correcte, même s’il n’a pas obtenu grand-chose de Vladimir Poutine.

Le Pen s’est compromise par une fascination suspecte pour Donald Trump et pour Poutine. Mais ses propos paraissent désormais presque modérés en regard de ceux de Zemmour.

Débat télévisé

Les sondages placent Macron légèrement en avance au second tour, mais le débat télévisé entre lui et Le Pen pourrait décider du résultat final.

Macron a pour lui un certain succès dans la lutte contre la pandémie et une autorité internationale qui s’est raffermie avec la guerre d’Ukraine.

Le Pen peut compter sur les mécontents des années Macron.

Macron est ralenti par son image de président des riches, tandis que Le Pen maîtrise très mal les questions économiques.

Macron est aligné sur les États-Unis et résolument pro-démocratique, Le Pen rêve d’une puissance française renouvelée, mais traîne des idées populistes.

D’une certaine manière, la politique française se trouve simplifiée. Au second tour, les Français devront décider entre une France du retour aux valeurs traditionnelles de droite, incarnée par Le Pen, et une France technocrate centriste, dirigée par Macron.

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