Le bon boss Carney


Mathieu Bock-Côté
On connaît les circonstances de l’arrivée de Carney à la tête du pays.
Il a profité de la grande peur de l’annexion suscitée par Donald Trump en transformant les dernières élections fédérales en référendum sur la survie du Canada.
Mais quelque chose de plus s’est passé depuis.
Regardant vendredi les résultats du sondage suggérant que les Québécois pour l’instant plébiscitent Mark Carney à Ottawa, je me suis demandé si les Québécois vivaient dans un sketch d’Yvon Deschamps.
Colonisés
Il semble bien que les six derniers mois aient fait remonter à la surface le vieux fond colonisé des Québécois, toujours occupés à douter d’eux-mêmes, à croire qu’ils ne sont pas à la hauteur de leur destin.
Disons-le simplement: les Québécois semblent vouloir un boss, un bon boss, et encore mieux, un bon boss anglais, qui leur dit quoi faire et quoi ne pas faire, à partir de la capitale fédérale.
Et cela tombe bien, Mark Carney se reconnaît parfaitement dans ce sentiment de supériorité typiquement anglo-saxon, qui a poussé l’Empire britannique, au fil de l’histoire, à se croire destiné à dominer les autres peuples de la terre.
C’est ce qu’on pourrait appeler l’anglosuprémacisme. Les Irlandais en ont souffert, les Québécois aussi, et tant d’autres peuples.
Les Anglais, pour dominer, ont toujours utilisé la même méthode: après leur conquête, ils achètent à coup de promotions, de subventions et de menaces l’élite du peuple vaincu.
Cette dernière signera un pacte faustien: ses privilèges dépendent de sa capacité à faire accepter au peuple en question sa soumission, en lui laissant même croire qu’il n’est pas dominé.
Mais notre enthousiasme carneyien est suicidaire.
Effacement
L’immigration massive nous submerge, nous anglicise, nous islamisme, nous pousse à la dissolution collective.
La centralisation fédérale abîmera notre économie.
À Montréal, à Laval, et dans le 450, nous sommes de moins en moins chez nous.
Le carneyisme est un accélérateur d’effacement.