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L'article provient de TVA Sports
Sports

Le «Blueberry Power» perd un gros morceau

Avec Réjean Tremblay et Bertrand Raymond, Yvon Pedneault formait un redoutable trio de journalistes venant du Saguenay-Lac-Saint-Jean

Journal de Montréal
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Photo portrait de François-David Rouleau

François-David Rouleau

2023-08-27T23:00:00Z
2023-08-28T01:51:30Z
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Yvon Pedneault s’est éteint dans la nuit de vendredi à samedi. La presse sportive québécoise a perdu l’un des monuments et pionniers du journalisme. Et du même coup, le «Blueberry Power» a perdu l’un des siens. 

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À l’annonce du décès du journaliste, analyste et chroniqueur du Journal et de TVA Sports samedi matin, plusieurs anciens du Canadien ont salué son professionnalisme et sa polyvalence, en racontant au passage quelques anecdotes du bon vieux temps. Certains d’entre eux ont justement relaté leurs relations uniques avec le «Blueberry Power». 

Avec Réjean Tremblay et Bertrand Raymond, tous natifs du Saguenay-Lac-Saint-Jean, «Ped» formait le puissant clan de la presse écrite francophone. Et à la télévision, Claude Quenneville s’y arrimait comme le quatrième mousquetaire bleuet. 

Dynamique unique

La dynamique qui animait le groupe était particulière.

De 1969 à 1979, Pedneault écrivait sur les péripéties de la dynastie du Canadien dans le Montréal-Matin, Raymond dans Le Journal et Tremblay dans La Presse. Le trio s’amusait comme des p’tits fous dans le vestiaire, les autobus et les avions du Tricolore, jadis beaucoup plus accessibles et révélateurs que de nos jours. Ils étaient tous près des joueurs. 

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À preuve, Yvan Cournoyer a dit avoir perdu un ami qui était quasiment un membre de l’équipe quand il a appris le décès d’Yvon Pedneault. Celui-ci a succombé à une courte et fulgurante maladie qui l’a emporté en moins d’un mois à l’âge de 77 ans. 

Les histoires du Tricolore étaient tapissées dans les pages des grands quotidiens de la métropole sous la plume de ceux qui sont devenus des géants du métier. 

«Pour nos histoires, la règle n’était pas très compliquée. On s’arrangeait pour ne pas nuire à leur vie privée. Pour le reste, c’était bar open. On était avec eux quasiment 23 heures sur 24», raconte Tremblay.

Féroce rivalité

Celui-ci s’est toujours bien entendu avec Pedneault, un collègue et rival, en soulignant son fort côté compétitif et ses qualités avec les athlètes. La compétition était féroce dans le clan des Bleuets. Surtout entre le Montréal-Matin et Le Journal

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«On a été ben chum d’un bout à l’autre. Bertrand et Yvon, la compétition était terrible. C’était incroyable. C’était une hache de guerre. Jacques Beauchamp en demandait toujours plus au Journal. Les gars faisaient quatre pages par jour», relate-t-il en se remémorant l’époque où le Canadien alignait les saisons de rêve et les coupes Stanley.

Il faut rappeler le contexte. Plus ouvertes et privilégiées, les relations avec les joueurs allaient au-delà de la rondelle et du sport. Dans un vestiaire bondé de francophones et d’anglophones dans un moment bouillonnant de l’histoire du Québec, il était aussi question de politique. Le CH faisait partie du tissu social de la province.

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Avec les plus grandes vedettes de l’histoire

«On pouvait parler de toutes sortes de sujets avec les joueurs. T’arrivais dans le vestiaire où il y avait Flower, Shutt, Pointu et cie, c’était incroyable. Et dans les clubs adverses, il y avait des Québécois partout à travers la ligue.

«La vérité, c’est que c’était extraordinaire comme ambiance», ajoute le chroniqueur, qui ne retient que de bons souvenirs de l’époque. 

Justement, il s’est souvenu de sa première couverture du club sur la route pour La Presse. Il remplaçait alors Pedneault qui avait joint les rangs du Montréal-Matin. Les premières réservations hôtelières à New York et Toronto étaient sous le nom d’Yvon. 

Et dans ce même voyage à Toronto, Tremblay avait même mis une baffe à un anglophone de Calgary qui l’avait insulté dans le bar de l’hôtel Royal-York. Sans même qu’il soit présent dans la Ville Reine, Pedneault avait hérité du K.-O. à sa fiche. L’histoire avait fait si grand bruit qu’elle avait réveillé Scotty Bowman! 

Histoires croustillantes

Durant ces belles années, le trio a couru les histoires du club à travers l’Amérique. Selon l’ancien chroniqueur de La Presse, Pedneault était un fin renard pour débusquer un scoop croustillant. 

C’est entre autres «Ped» qui a révélé les dessous de la bagarre qui avait éclaté à Cleveland entre Mario Tremblay et Pete Mahovlich. 

À bord du vol quittant Cleveland, il avait alors approché Larry Robinson en lui lançant une observation à propos du visage tuméfié de Mahovlich. L’imposant défenseur lui avait donc répondu qu’il devrait vérifier, car il pourrait révéler une histoire intéressante. 

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«Il était séducteur avec les joueurs et les grandes vedettes, se souvient Tremblay qui a aussi souligné son éthique de travail. Il avait le tour avec eux, ce qui est une grande qualité dans le métier.»

L’un des pionniers

À l’emploi du Canadien durant 25 saisons, Donald Beauchamp ne conserve que de bons souvenirs de celui qui a œuvré dans tous les types de médias durant sa carrière. Que ce soit dans les journaux, à la télévision ou à la radio, il encense le communicateur et ce trio qui a couvert le club durant si longtemps. 

«Ce sont des pionniers comme Yvon, Bertrand et Réjean qui ont marqué le journalisme sportif du Québec. Yvon est l’un des grands. C’est remarquable ce qu’il a accompli durant plus de cinq décennies. Il était toujours présent et actif. Il était partout, se rappelle celui qui dirigeait le département des communications du Tricolore.»

«Il était toujours à la bonne place dans ses commentaires. C’est probablement lui qui avait le meilleur jugement sur les évènements.»

Avec un paternel qui conduisait l’autobus de l’équipe sénior des Saguenéens de Chicoutimi, Pedneault était rapidement tombé dans la marmite du sport à son jeune âge. 

Passionné, il y est resté en forgeant son métier, qu’il aura adoré jusqu’à son dernier souffle. 

La carrière d’Yvon Pedneault (1946-2023)

Journaux :

Début au Progrès-Dimanche en 1965 

La Presse et Montréal-Matin de 1969 à 1979

Le Journal de Montréal de 1980 à 2023, dont directeur des Sports 

Télévision :

RDS (1989 à 1993 et de 1998 à 2008), TVA (1994), La Soirée du hockey à SRC (1994), TQS (1997), TVA Sports (2011 à 2023)

Radio :

CKAC, CKVL, CKMF, BPM-91,9 Sports

Autres occupations : 

Directeur général du Collège Français de Longueuil (LHJMQ) en 1988-1989

Représentant de la compagnie de bâtons de hockey Karhu-Titan

Lauréat du prix Elmer-Ferguson Memorial du Temple de la Renommée du hockey en 1998 

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