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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Le blocage des nouvelles sur Facebook inquiète Santé Canada

AFP
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Raphaël Pirro

2023-08-14T21:30:35Z
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Le blocage des nouvelles par Meta sur Facebook et Instagram inquiète Santé Canada, alors que les informations concernant les urgences sanitaires d’intérêt public pourraient perdre de la visibilité en n'étant pas partagées sur ces plateformes.

«Malheureusement, l’attitude de Meta envers les médias canadiens a le potentiel de nuire au relais des différents messages de santé publique et à la réponse à d’éventuelles urgences sanitaires», soutient Guillaume Bertrand, attaché de presse du ministre fédéral de la Santé, Mark Holland. 

Bien que les services fédéraux et autres institutions provinciales et municipales pourront publier leurs propres communications, les médias en tous genres ont permis la diffusion, l’analyse et la critique d’informations importantes, jouant un rôle de premier plan pendant la pandémie de COVID-19, notamment. 

Comme établi à l’heure actuelle, le blocage des nouvelles empêche la circulation de nouvelles produites par de petites et grandes organisations médiatiques reconnues dans la Loi sur les nouvelles. N’étant pas inclus dans le spectre de la loi, les blogueurs, youtubeurs et baladodiffuseurs amateurs pourront continuer à publier leur contenu sur Facebook sans problème. 

«Nous retrouvons actuellement beaucoup de désinformation sans le contrepoids que représente le travail journalistique sérieux et crédible», poursuit l’attaché du ministre. 

De son côté, la ministre du Patrimoine, Pascale St-Onge, a qualifié la chose d’«irresponsable» dans un courriel envoyé par son attachée. 

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L’exemple australien

Meta s’était attiré les foudres du gouvernement et du public australiens, lorsqu’il avait bloqué temporairement les nouvelles en février 2021. L’Australie venait alors d’adopter une loi similaire de laquelle s’est inspiré le gouvernement Trudeau. 

La multinationale avait toutefois commis une erreur de taille en bloquant non seulement les médias locaux, mais aussi une foule d’organisations importantes pour la santé et la sécurité, dont des départements de lutte contre les feux – en pleine saison de feux de forêt –, de services sanitaires – en pleine pandémie de COVID-19 – ou encore de foyers pour femmes battues. 

L’erreur demeure possible pour la multinationale au Canada: le site satirique canadien The Beaverton, qui publie de fausses nouvelles à saveur humoristique, a lui aussi été rayé de ses plateformes. 

Le tollé avait forcé Meta à reculer après une dizaine de jours, et la loi australienne pour rémunérer les médias a poursuivi son cours, avec des retombées non négligeables pour le secteur. 

Des solutions de rechange existent

Meta, qui a refusé de nous fournir des commentaires pour cet article, semble avoir peaufiné sa stratégie en se concentrant cette fois-ci uniquement sur les médias. C’est du moins ce que laissent croire les «tests» entamés en juin. 

Des organisations importantes au Québec ont aussi déjà changé de stratégie. Le lieutenant Benoit Richard de la Sûreté du Québec (SQ) affirme que les informations cruciales, comme les avis de disparition, pourront continuer à être partagées directement par la SQ, qui cumule 210 000 abonnés sur Facebook. 

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«Pour les organisations policières, plus il y a de gens qui voient une disparition, mieux c’est. Mais au niveau de notre organisation, on peut quand même publier les disparitions de mineurs», dit-il en entrevue. 

De son côté, une porte-parole de la Ville de Montréal assure que la Ville «varie ses canaux de communication selon les situations». 

«Dans un contexte d'urgence, la Ville ne se limite pas qu'à certains moyens de communication et pourrait opter pour des alternatives ou outils complémentaires, afin de pallier les contraintes engendrées par les restrictions ou les modifications aux politiques des plateformes qu'elle utilise», indique Sara-Eve Tremblay, relationniste à la Ville. 

Même son de cloche chez Hydro-Québec, qui assure que le travail des journalistes est «important» pour «vulgariser les enjeux», mais que le meilleur moyen de rejoindre le public est de s’adresser à lui directement. 

«Quand on est en crise, nos moyens de communication, ce sont nos plateformes de réseaux sociaux, mentionne Caroline Des Rosiers, porte-parole de la société d’État. Au cours des derniers mois, on décline de plus en plus toutes les informations sur toutes les façons de faire, comme les stories sur Instagram ou Facebook.» 

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