Le Bloc ne sera pas au discours du roi Charles III (et ce n’est pas une surprise)


Raphaël Pirro
Sans grande surprise, les élus du Bloc Québécois ne seront pas présents au Sénat pour assister au discours du trône prononcé par le roi Charles III à la fin du mois, même si on les y invite.
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Il ne faut toutefois pas s’en surprendre: le parti souverainiste n’est pas un abonné aux discours du trône, normalement livré à la chambre haute du Parlement par le gouverneur général du moment.
«On est toujours absent du discours du trône par principe. Il y a déjà eu quelques exceptions. Cette fois-ci, il n’y en aura évidemment pas», a déclaré le chef Yves-François Blanchet au sortir de la première réunion de caucus postélectoral, mercredi.
Il compte d’ailleurs déposer un projet de loi – et ce n’est pas une première – pour modifier certaines règles au Parlement, incluant celle qui oblige de prêter serment à la couronne britannique avant de pouvoir s’y asseoir.
Cependant, M. Blanchet ne prévoit pas de faire un Paul St-Pierre Plamondon de lui-même. Le chef du Parti Québécois avait refusé d’entrer à l’Assemblée nationale tant qu’on l’obligeait à prêter serment à la couronne britannique.
Ce coup d’éclat en 2022 avait mené à l’abolition de ce geste obligatoire à Québec moins de deux mois plus tard.
«Ça nous achale, parce qu’on n’a pas envie de faire ça», a dit M. Blanchet aujourd’hui. «On ne voit pas aujourd’hui d’alternative à ça. Si quelqu’un a une idée de génie, on la regardera», a-t-il ajouté, conscient qu’il y a moins d’appétit pour ce changement à Ottawa qu’à Québec.
Quoi qu’il en soit, pour le chef bloquiste, la décision de Mark Carney d’inviter le roi Charles III constitue «une mauvaise lecture» du «désaveu» des Québécois envers «l’institution monarchique».
«Pour affirmer la souveraineté du Canada, on va chercher le symbole du fait que le Canada a comme souverain le roi d’Angleterre. Il y a une incohérence complète qui semble refléter les sympathies personnelles de Monsieur Carney plutôt qu’une lecture pertinente de la société québécoise», a lancé Yves-François Blanchet.
Lors de sa première conférence de presse après sa victoire aux élections, Mark Carney avait annoncé la venue du roi Charles III pour la lecture du discours du trône, qui a pour but d’afficher les priorités du gouvernement.
«C’est un honneur historique qui concorde avec la gravité de notre époque. Je sais que beaucoup de Canadiens et [de] Canadiennes partagent mon enthousiasme à ce sujet», disait-il vendredi dernier, en renvoyant aux peuples fondateurs du Canada: «les peuples autochtones, le peuple français et le peuple anglais».
Inviter le roi du Royaume-Uni pour réaffirmer la «souveraineté» du Canada, «ça indique les fondations de notre nation, de la nation canadienne», soulignait Mark Carney.