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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Le beau gros casse-tête législatif de Trump

Photo Getty Images via AFP
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Photo portrait de Pierre Martin

Pierre Martin

2025-05-21T04:00:00Z
2025-05-21T04:05:00Z
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Le premier grand défi législatif du mandat de Donald Trump va tester son leadership, la cohésion des républicains au Congrès et l’économie américaine. 

Avec l’escalade des conflits au Moyen-Orient et en Ukraine et une guerre commerciale tous azimuts, Donald Trump en a déjà plein les bras.

Pourtant, son plus gros défi immédiat est dans sa cour, où un projet de loi budgétaire expose de profondes divisions entre républicains au Congrès.

Comme d’habitude, ce seront probablement les plus démunis et les générations futures qui vont écoper.

«One Big Beautiful Bill»

«Un beau gros projet de loi», c’est le nom typiquement trumpien qu’on donne à l’énorme proposition omnibus de 400 pages qui chemine à la va-vite au Congrès.

L’objectif principal est de pérenniser les réductions d’impôts temporaires instaurées pendant le premier mandat Trump. Comme d’habitude, Trump ignore les détails de ce projet, si ce n’est qu’il préservera, pour lui et ses amis milliardaires, un régime fiscal outrageusement avantageux.

Donald Trump présente ce projet comme un pont d’or vers une prospérité illimitée. En fait, pour compenser d’énormes réductions d’impôts pour les mieux nantis et les entreprises (et les miettes pour apaiser les contribuables ordinaires), il faudra faire des choix douloureux pour des millions d’Américains qui divisent profondément les minces majorités républicaines au Congrès.

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De moins beaux effets

Ce projet touche trois domaines principaux: des coupes dans l’assurance maladie pour les moins nantis (Medicaid), une réduction de l’assistance alimentaire aux ménages défavorisés (food stamps) et une réduction des déductions pour impôts étatiques et locaux.

Les coupes dans Medicaid menacent le système de santé hors des grands centres, où plusieurs hôpitaux dépendent de ce financement pour leur survie et où se trouve une bonne partie de l’électorat républicain. Aucun élu ne veut défendre un vote qui pourrait entraîner des fermetures d’hôpitaux dans son district.

Le programme d’aide alimentaire est populaire dans plusieurs régions républicaines et il bénéficie aussi aux producteurs agricoles, une clientèle clé de ce parti.

Quant aux déductions pour impôts étatiques et taxes locales, elles touchent davantage les contribuables d’États gouvernés par les démocrates, où les représentants républicains seront particulièrement vulnérables aux élections de mi-mandat.

Des factions irréconciliables

Au Congrès, certains élus républicains sur des «sièges éjectables» à cause de leur mince majorité ont beaucoup à perdre de ces changements, alors que les «faucons fiscaux» d’extrême droite aux majorités bétonnées y tiennent mordicus.

À l’ère de Trump, beaucoup d’élus républicains craignent de contredire le leader suprême du parti, qui pourrait entraîner une défaite aux élections primaires aux mains d’un candidat plus radicalement trumpiste qu’eux. Mais cette menace tiendra-t-elle longtemps au vu de la dégringolade de Trump dans les sondages?

Entre ces factions contradictoires, il ne semble pas y avoir d’équilibre stable. Il faudra pourtant en trouver un, et vite.

Fort probablement, le compromis qu’on adoptera au petit matin bénéficiera aux amis milliardaires de Trump, aux dépens des moins nantis. Surtout, les générations futures écoperont d’une dette toujours plus éléphantesque, ce qui aggravera d’autant la crise dans laquelle Trump est en train de précipiter l’économie américaine... et la nôtre.

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