Le 8 mars, nécessaire et toujours d’actualité
Dre Sylvie I. Demers
Ce 8 mars est l’occasion de parler d’une maltraitance féminine banalisée, omniprésente et invisibilisée. Celle de Québécoises ayant une préménopause-ménopause symptomatique – la majorité des femmes, soit dit en passant.
Plusieurs se demandent pourquoi s’occuper de la préménopause-ménopause étant donné son caractère naturel et inévitable. D’abord, parce que plusieurs femmes en souffrent (cela devrait être une raison suffisante), et ensuite, parce que nos dépenses en santé sont majoritairement causées par les conséquences du vieillissement – phénomène tout aussi naturel et inévitable et que l’on ne s’empêche pourtant pas de traiter pour cette raison!
Conséquences importantes
Peu de gens réalisent que la préménopause-ménopause, qui fait partie intégrante du vieillissement, peut être impliquée, voire responsable du développement précoce de plusieurs conditions chroniques pouvant être débilitantes (insomnie, arthrose-arthrite, maladie d’Alzheimer, athérosclérose, hypertension artérielle, palpitations cardiaques, problèmes génito-urinaires, etc.).
Elle peut aussi être associée à des décès prématurés (diminution de plus de 30% de la mortalité lorsque l’hormonothérapie est débutée avant l’âge de 60 ans dans les études contrôlées et augmentation de la longévité corrélée avec la durée de la prise d’hormonothérapie dans les études prospectives). Les hormones féminines, dont les taux chutent dramatiquement lors de cette période, exercent des fonctions remarquablement importantes à peu près partout avec plus de 300 fonctions, un record absolu!
Mes 17 années d’études universitaires et mes 25 années de pratique auprès de milliers de femmes, ainsi que mes lectures incessantes et rigoureuses d’articles scientifiques, ont grandement documenté mes connaissances sur la question.
Pensons notamment à l’ostéoporose, un fléau causé primairement par la perte des estrogènes (et non par un manque d’apport en vitamine D ou calcium, contrairement à une croyance populaire). Et comme je l’affirme dans mon dernier livre, paru en septembre dernier aux Éditions de l’Homme : pour prévenir les maladies cardiovasculaires, ce ne sont pas de statines ou autres médicaments pour abaisser le cholestérol que les femmes ont besoin, mais bien d’une hormonothérapie bioidentique bien prescrite (estradiol-17β transdermique et progestérone à doses adéquates), conjuguée à de bonnes habitudes de vie. Aussi, les hormones féminines possèdent plusieurs propriétés anticancers.
Grâce au succès phénoménal de la série documentaire Loto-Méno, du reportage Confusion hormonale à l’émission Enquête et la pétition que j’ai lancée avec le support de Véro et son équipe, le gouvernement du Québec couvre désormais des hormones bioidentiques. Bien qu’une avancée majeure, cela demeure nettement insuffisant.
Ignorance
En effet, depuis plus de vingt ans, à cause d’une étude mal interprétée, nous avons assisté à une régression spectaculaire en hormonothérapie féminine, à laquelle s’est greffée depuis ce temps une formation très déficiente des professionnels de la santé dans ce domaine – ce que j’essaie de pallier énergiquement depuis longtemps.
Malgré l’accumulation imposante de données probantes, dont plusieurs sont détaillées dans mes trois livres sur le sujet démontrant les bénéfices substantiels de l’hormonothérapie féminine, ces bénéfices sont majoritairement passés sous silence.
Cette ignorance fait que plusieurs Québécoises sont actuellement surdiagnostiquées, surmédicamentées, surpsychiatrisées et ...toujours souffrantes! En réalité, l’hormonothérapie féminine sauve des vies, au sens propre comme au sens figuré.
L’accès à l’hormonothérapie pour toutes les femmes qui le désirent nécessite des médecins, pharmaciens et infirmières bien formés, et est un enjeu hautement féministe. En cette Journée internationale des femmes, je nous souhaite que cet accès devienne un droit reconnu et universel, tout comme l’accès à la contraception et à l’avortement.

Dre Sylvie I. Demers
Médecin spécialiste en médecine familiale, biologiste et docteure en médecine expérimentale (génétique moléculaire humaine), experte en hormonothérapie féminine, masculine et transgenre