Le 3e lien doit être meilleur pour l’environnement, selon les gens d'affaires de Québec
Dominique Lelièvre | Journal de Québec
Une majorité de gens d’affaires de Québec ne voit pas l’intérêt d’ajouter des autoroutes pour améliorer la mobilité et craint que le troisième lien ait un impact négatif sur l’environnement, alors que la réduction des gaz à effet de serre devrait à leur avis être la priorité.
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En fait, seulement 18 % d’entre eux jugent que la création de nouvelles autoroutes est «hautement prioritaire», selon un sondage Léger dévoilé mardi par la Chambre de commerce et d’industrie de Québec (CCIQ).
À l’inverse, 58% disent que ce n’est «pas important».
En ajoutant ceux qui pensent que c’est «important, mais pas prioritaire», à peine 41% des répondants appuient la construction de nouvelles autoroutes, ce qui en fait la priorité la moins populaire parmi les sept qui leur étaient soumises.
Le sondage, mené en ligne plus tôt ce mois-ci auprès de 626 membres de la communauté des affaires de la région de Québec, révèle d’ailleurs une grande sensibilité pour l’environnement.
Lutte aux GES
En matière de mobilité, la réduction des gaz à effet de serre arrive au sommet de leurs priorités, avec 89% qui y accordent une importance. La fluidité entre les deux rives (86%) et l’augmentation de l’offre de transport en commun (85%) suivent de près.
Or, pas moins de 52% croient que le tunnel Québec-Lévis tel que proposé aura un effet négatif sur l’environnement. Seule une personne sondée sur quatre estime qu’il va être positif pour l’environnement, contre 55% pour le projet de tramway de Québec.
Plus de répondants pensent que le tramway va améliorer la qualité de vie des citoyens (54%) que pour le tunnel (49%).
Un consensus se dégage toutefois sur le fait que la mobilité doit être améliorée à Québec. Plus de la moitié (52%) considèrent qu’elle est en mauvais état et un maigre 4% soutient qu’il n’y a aucun problème.
«Ce que les gens disent, c’est que oui, on veut une meilleure fluidité [de la circulation], mais on ne peut pas le faire au détriment de l’environnement», commente Steeve Lavoie, président et chef de la direction de la CCIQ.
Selon lui, le gouvernement devra donc faire la «démonstration» que le troisième lien répond à ces préoccupations. «Il faut améliorer l’offre du troisième lien au niveau environnemental pour qu’il soit accepté», pense-t-il.
«Ce qu’il faut retenir, c’est qu’on n’oppose plus l’économie et l’environnement.»
Bon pour l’économie?
Au plan économique, si seulement 32% des répondants s’attendent à ce que troisième lien aura des retombées positives sur leur propre entreprise, 56% sont convaincus que la région dans l’ensemble va en profiter.
Ces proportions sont un peu plus faibles pour le tramway, à 29% et 45% respectivement.
«Au niveau du tramway, on voit que le côté environnemental est bien vu, mais peut-être un peu moins l’économique, alors-est ce qu’il y a moyen au niveau économique que les gens d’affaires y trouvent aussi plus leur compte?», soulève M. Lavoie.
La CCIQ continue de croire que le réseau structurant et son tramway sont un projet «important». Elle demande d’éviter tout report et souhaite même lancer une réflexion sur la phase 2, a précisé son dirigeant.
Le sondage n’avait pas pour objectif de mesurer spécifiquement l’approbation ou non des répondants sur le troisième lien et le tramway. La CCIQ voulait «sortir des paradigmes habituels du classique “es-tu pour ou contre”» pour se concentrer sur les besoins et les préoccupations du milieu des affaires, a expliqué M. Lavoie.
Marchand réagit
Le maire de Québec, Bruno Marchand, a réagi en après-midi, disant voir dans le sondage le signe que son administration «est totalement alignée sur les priorités des gens d’affaires» avec son projet de tramway.
Il s’est réjoui que seulement 16% craignent un impact économique négatif sur leur entreprise.
«“Les épouvantails, ça va être l’enfer, le milieu économique va fermer parce qu’il va arriver un tramway ou des constructions”, ce n’est pas ce que les gens pensent», a-t-il lancé.
Il a affirmé que la Ville et le bureau de projet continueront d’être au rendez-vous pour «informer, discuter, débattre» avec les citoyens et les gens d’affaires du projet.
«Par contre, la démagogie, les mensonges, les gens qui disent n’importe quoi, ça, il n’y a rien qu’on peut faire contre ça, a lancé le maire. Quand des gens font circuler des vidéos sur internet où on a l’impression d’être dans un show rock tellement le tramway fait du bruit quand il passe, ça, c’est de la démagogie, c’est des faussetés, ce n’est pas ça qui va arriver.»
En janvier, un sondage commandé par la Ville démontrait que l’appui au tramway s’effritait dans la population générale, chutant à 41 %. On apprenait aussi que le projet demeurait mal connu pour près de 43 % des citoyens. Une mise à jour de ce sondage est attendue d’ici deux semaines.
Les priorités de la communauté d’affaires
- Assurer la réduction des gaz à effet de serre : 89%
- La fluidité entre les deux rives : 86%
- Augmenter l’offre de transport en commun : 85%
- Favoriser davantage de transport actif (piétons, vélos, etc.) sur des voies sécuritaires : 83%
- L’accessibilité des parcs industriels en transport en commun : 83%
- La création ou la conservation des places de stationnement sur rue : 71%
- La création de nouvelles autoroutes : 41%
Les pourcentages comprennent les réponses «hautement prioritaire» et «important, mais pas prioritaire» à la question «Lorsque vous pensez aux différentes actions qui peuvent être prises pour améliorer la mobilité à Québec, quelle importance accordez-vous à...»
Source : Sondage web de la firme Léger réalisé du 9 au 16 mai 2022 pour la Chambre de commerce et d’industrie de Québec auprès de 626 professionnels, gestionnaires et dirigeants d’entreprises de la région. À titre indicatif, pour un échantillon probabiliste de même taille, la marge d’erreur maximale est de +/- 3,9% (19 fois sur 20).