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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Le 1er juillet, fête nationale du déménagement, est menacé!

Photo d'archives, Stevens LeBlanc
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Photo portrait de Pierre-Olivier Zappa

Pierre-Olivier Zappa

2025-06-29T23:00:00Z
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Le 1er juillet est à nos portes. Les rues s’animent, les camions de déménagement se multiplient et les électros embarquent sur des diables rouillés. Un tableau typiquement québécois, devenu au fil des décennies un rituel du début de l’été. Mais cette tradition s’effrite!

Les Québécois déménagent de moins en moins. Et lorsqu’ils déménagent, c’est de moins en moins pour rêver!

En 2023, seulement 7,8% des Québécois ont changé d’adresse. Ils étaient 10,3% en 2019. En quatre ans, la mobilité résidentielle a chuté. La grande valse des boîtes de carton tourne au ralenti.

Pourquoi? Parce que déménager, aujourd’hui, c’est un luxe. Rester dans son logement, ce n’est pas toujours un choix. C’est souvent la seule option.

Acheter ou louer? Même combat

Chaque année, la question revient. Est-ce mieux d’être propriétaire ou locataire? Une décision autrefois personnelle est devenue un choix cornélien. Dans les deux cas, il faut se serrer la ceinture.

À Montréal, le loyer mensuel moyen frôle les 2000$, selon Rentals.ca. Toronto? 2600$. Vancouver? 2800$. Des prix déconnectés de la réalité salariale. Un jeune professionnel paie parfois la moitié de son revenu en logement. Et pourtant, le rêve de devenir propriétaire persiste. Tenace. Inaltérable.

Selon Royal LePage, 56% des locataires québécois veulent toujours acheter. Un sur quatre espère le faire d’ici cinq ans. Mais entre le rêve et la réalité, il y a un gouffre. Et ce gouffre s’élargit.

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Une propriété à 235 000$, une aubaine sur papier, coûte plus de 2500$ par mois, une fois l’hypothèque, les taxes et l’entretien calculés. La Banque Nationale chiffre le tout à près de 31 000$ par année. Et ça, c’est si on réussit à en trouver une. Parce que l’inventaire s’épuise.

Rareté

La rareté frappe partout. En mai 2019, le Québec comptait plus de 60 000 propriétés à vendre. Aujourd’hui? Moins de 38 000. L’offre fond comme neige en juillet. Chaque pancarte «À vendre» devient objet de convoitise.

Ce manque dans l’offre redessine la carte résidentielle du Québec. Le marché impose une nouvelle géographie sociale.

Depuis la pandémie, les grandes villes perdent des plumes. Montréal a vu 40 000 de ses habitants plier bagage en 2020. Destination? Sherbrooke, Québec, Trois-Rivières... mais surtout, les petites municipalités.

Ce n’était pas qu’un caprice pandémique. C’est une tendance lourde. Pourquoi? Parce que l’emploi est bon en région. Parce que les universités ouvrent des campus satellites. Parce que le télétravail existe. Et parce qu’y vivre coûte parfois moins cher.

Mais même ce désir de mouvement se heurte à un mur. Il n’y a pas assez de logements, même en région. Les promoteurs peinent à suivre. Les permis se font attendre. Et les chantiers se multiplient, sans répondre à la demande urgente.

Alors on reste. On s’accroche à ce qu’on a. Parce qu’en 2025, le vrai luxe, ce n’est plus d’être propriétaire. C’est d’avoir un toit et un peu de paix. C’est la stabilité. Et l’espoir que la prochaine hausse ne soit pas celle du loyer.

En attendant, les boîtes restent dans le placard. Et les clés, dans le même bol d’entrée.

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