Laval: début de la grève de six jours des cols bleus
Kevin Crane-Desmarais
Les employés du Syndicat des cols bleus de Laval (SCBL) entament jeudi une grève de six jours pour dénoncer l’impasse dans les négociations avec l’administration municipale.
Tout porte à croire qu’il y a une impasse dans les négociations entre la partie patronale et le syndicat. «En ce moment, il n’y a plus aucune négociation. Plus de son, plus d’image», déplore Louis-Pierre Plourde, le président du SCBL.
Les cols bleus sont sans contrat de travail depuis le 31 décembre 2021, et malgré plusieurs tentatives de conciliation, aucun accord n’a été trouvé. La dernière offre patronale, rejetée par le SCBL, proposait une augmentation salariale de 19,5% sur sept ans.
La Ville de Laval estime que ce refus prive certains employés d’un revenu potentiel pouvant atteindre 96 000$ par an.
«Je suis déçu par la décision de l’exécutif du syndicat des cols bleus de déclencher une grève, surtout en pleine opération de déneigement. Il y a à peine quelques semaines, le président du syndicat lui-même reconnaissait que les discussions progressaient vers un règlement. Une offre avantageuse et compétitive est sur la table. Je le réitère: je suis prêt à régler rapidement, mais pas à n’importe quel prix. La capacité de payer des Lavallois n’est pas illimitée, et les coffres de la Ville ne sont pas un bar à volonté», dit le maire de Laval, Stéphane Boyer.
Selon nos informations, l’offre exclut entre autres les primes, les heures supplémentaires, les assurances et le régime de retraite. À titre de comparaison, le salaire moyen d’un col bleu à Laval se situe autour de 76 000$.
M. Plourde insiste sur le fait que l’offre patronale était insuffisante et défavorable aux travailleurs. «Nos cibles sont plus hautes que ça. L’inflation qu’on a connue dans les dernières années nous a fait perdre beaucoup de pouvoir d’achat», explique le président du syndicat.
Pour lui, une solution envisageable pourrait se situer autour de 21,5% ou 22% sur une période de six ans. Ça serait une «possible piste d’atterrissage», estime le président du SCBL.
Toujours selon lui, les syndiqués seraient craintifs d’une entente sur une période de sept ans avec les situations socio-économiques des dernières années.
Le président du SCBL indique également qu’un compromis pourrait être trouvé si la Ville acceptait d’investir 0,2% de son budget, estimé à 1,2 milliard de dollars, dans la masse salariale des cols bleus.
TVA Nouvelles a appris que le SCBL aurait refusé près de 90 propositions de rencontres avec la partie patronale depuis l’automne 2022. À cela s’ajoutent des représentants du SCFP qui se sont succédé à la table des négociations.
Selon le président du syndicat, ce n’est pas inhabituel, ce genre de situation. «Oui, ça ralentit un peu le processus, mais ce n’est pas en raison de ça qu’on n’est pas capable d’avancer au travers de cette négociation», dit M. Plourde.
En raison de cette grève du 6 au 12 mars, les arénas municipaux seront fermés. Tout comme la patinoire extérieure Bleu Blanc Rouge près du métro de la station Cartier et les activités du Centre de la nature.
La Ville recommande aux citoyens de consulter son site web avant de se déplacer. «En cette période de relâche scolaire, la Ville déplore les conséquences de cette action syndicale sur les activités prévues pour les jeunes et leurs familles», dit Philippe Déry, chef des affaires publiques à la Ville de Laval.
En parallèle, l’opération de déneigement sera suspendue pendant la durée de la grève, bien que la Ville ait déjà accompli plus de 75% de la tâche. L’équipe reprendra le travail dès le 12 mars.
Laval dit demeurer disponible pour poursuivre les discussions avec le syndicat. «Des hypothèses de règlement permettant des gains mutuels et alignés sur des ententes similaires récemment conclues dans d’autres grandes villes du Québec ont fait l’objet d’échanges entre les parties. C’est à la table de négociations que ces discussions pourront progresser», explique Philippe Déry.
Le syndicat prévoit une importante manifestation le mardi 11 mars prochain devant l’hôtel de ville de Laval, où se tiendra le conseil municipal.