L’Autorité des marchés financiers perquisitionne chez un prêteur privé accusé d’avoir escroqué une centaine d’investisseurs québécois de 20 M$


Julien McEvoy
L’Autorité des marchés financiers a perquisitionné mardi matin au domicile d’un homme accusé d’avoir détroussé une centaine d’investisseurs québécois de 20M$.
Les enquêteurs sont entrés au 425, 2e Rue à Saint-Zotique vers 7h. Ils transportaient des boîtes de documents. La perquisition en Montérégie était toujours en cours à 16h. L’opération visait Benoît Dicaire, qui exploite l’entreprise RE7 – Générateur de profit$.

Dicaire se présente comme un prêteur privé. Les taux promis aux investisseurs oscillent entre 26% et 48% par année.
Plusieurs victimes interviewées par Le Journal l’accusent maintenant d’avoir orchestré un stratagème de type Ponzi. L’argent des nouveaux investisseurs servait donc à payer les intérêts des anciens, disent-elles.
La combine suit toujours le même schéma. Au départ, tout semble légitime. Dicaire signe des contrats formels. Son entreprise apparaît au registre. Il possède un site internet professionnel.
Surtout, il paye. Pendant des mois, parfois des années, les chèques d’intérêts arrivent comme prévu. Ces versements réguliers créent une confiance solide.

Le mécanisme de la combine
Le piège se referme quand la victime réclame son capital. Dicaire invoque d’abord des excuses: un emprunteur en retard, des problèmes avec le fisc, son comptable débordé.
Quand la pression monte, il signe parfois de nouvelles ententes. Mais il ne les respecte jamais. Les mises en demeure restent sans réponse. Puis c’est le silence radio. Le capital n’est jamais remboursé.
Marc-André Lessard et Linda Lafranchise sont les premières victimes. L'homme de 74 ans, a investi 1,1 M$ sur 10 ans, tout comme sa conjointe.

Ils réclament maintenant 2,7M$. Mais plus tôt, ça allait tellement que le couple de Prévost, dans les Laurentides, a présenté Dicaire à leur famille, leurs amis, leur belle-famille.
Mme Lafranchise avait travaillé avec Dicaire chez Desjardins en 1998. Ils se sont retrouvés via Facebook en 2014. Elle l’a présenté à son chum.
M. Lessard, un entrepreneur en maçonnerie, cherchait à placer l’argent de son entreprise florissante. Dicaire lui a proposé des taux alléchants. Pendant des années, les intérêts tombaient comme prévu.
L’enquête en cours
Céline Dansereau, de la Montérégie, a quant à elle prêté 173 000$ en cinq contrats sur 18 mois, est-il indiqué dans sa poursuite judiciaire contre Dicaire. Elle a reçu 64 470$ en intérêts sans problème. Puis tout s’est arrêté en mai 2025.
Guillaume Grenier-Gagné, entrepreneur en Beauce, a confié 120 000$ en deux contrats. Il réclame maintenant 195 000 $ à Dicaire.
D’autres victimes préparent le dépôt de poursuites. Une trentaine d’investisseurs se réunissaient d’ailleurs mardi soir pour organiser leur riposte. Le Groupe des créanciers RE7 est une entreprise immatriculée au Registre des entreprises depuis le 15 août 2025.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
L’Autorité des marchés financiers ne veut pas commenter. L’enquête dure depuis des mois, indiquent nos sources. La Sûreté du Québec collabore en partageant de l’information, mais ne commente pas non plus.
Les autorités avaient été alertées par de nombreux signalements au cours des derniers mois. Plusieurs victimes ont porté plainte, ont-elles confié au Journal.
Les victimes s’organisent. Leur combat contre leur présumé assaillant ne fait que commencer.
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