Laura Niquay: un chant comme un cri

Sarah-Émilie Nault
Laura Niquay vient de remporter le prix de l’auteur-compositeur autochtone TD de La Fondation SOCAN. «Je me considère comme une messagère ; je me dois d’aider le monde et de les apaiser avec ma musique», explique l’auteur-compositrice originaire de la communauté de Wemotaci, en Mauricie.
Sur son dernier album Waska Matisiwin (Cercle de vie), Laura Niquay chante en atikamekw – la langue qui l’a vue grandir – et en français. Fusionnant les styles indie, folk et rock, c’est ce deuxième opus qui lui a permis de remporter le prix de la Fondation SOCAN créé en 2018 pour souligner le talent des artistes issus des communautés autochtones au Canada.
«J’ai marché longtemps pour cela», explique l’artiste âgée de 40 ans qui était de passage au Festival d’été de Québec, le 13 juillet dernier. «J’ai commencé à jouer de la guitare vers l’âge de onze ans et à chanter vers 15‐16 ans. Enfin, on m’entend comme auteure-compositrice ! Il suffit d’y croire. J’ai beaucoup de reconnaissance.»
Ce sont précisément les pièces Moteskano (Les sentiers de nos ancêtres) et Nicto Kicko (Trois jours) qui lui ont permis de décrocher cet honneur. La première est une histoire de raquettes et de mocassins, objets représentant la transmission des savoirs des grands-parents aux enfants autochtones. La seconde parle de son père qui, un soir de jour de l’An et pendant trois jours, n’a pas répondu à sa famille. Et du moment où ils ont compris que c’est parce qu’il portait des écouteurs qu’il n’avait jamais entendu leurs coups inquiets à la porte.
Cet album, qu’elle voit comme un message d’espoir et de résistance, a aussi fait partie des 40 albums en lice pour le Prix de musique Polaris 2021 au Canada.
«On est tous humains et on a tous nos difficultés et nos problèmes, ajoute celle que ce prix a motivée à travailler à son troisième album, sur lequel elle explorera les sonorités blues. Les humains, on a tous les états d’âme. Chanter et composer est aussi une thérapie pour moi. N’ayez pas peur de chanter et de crier.»
Modèle pour les jeunes
Ce prix, dit-elle, l’encourage beaucoup à continuer à créer et à partager les valeurs que lui ont inculquées ses grands-parents. Des valeurs reliées à la terre et aux quatre éléments.
«Je veux partager ma culture et ma langue en plus de connaître des gens qui viennent de partout et qui ont une culture différente de la mienne à me partager», ajoute celle qui se fait un devoir de bien articuler en spectacle pour que tous les publics puissent chanter avec elle.
Consciente d’être devenue une sorte de modèle pour les jeunes artistes autochtones qui viennent de plus en plus nombreux lui demander conseil, Laura Niquay voit cette récompense comme une manière de leur montrer que tout est possible, si on y croit vraiment.
► Pour connaître les prochaines dates de spectacles de Laura Niquay : fr-ca.facebook.com/Lauraniquay.music