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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Laura Nicolae remporte le prix Robert-Cliche du premier roman pour «Rue Escalei»

Le roman parle de la Roumanie dans les années 1970

Laura Nicolae est née en Roumanie. Elle est arrivée au Québec il y a une vingtaine d’années pour faire des études de littérature québécoise à l’Université Laval.
Laura Nicolae est née en Roumanie. Elle est arrivée au Québec il y a une vingtaine d’années pour faire des études de littérature québécoise à l’Université Laval. Ben Pelosse / JdeM
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2024-08-06T19:00:00Z
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Rue Escalei, premier roman absolument remarquable de Laura Nicolae, vient tout juste de recevoir le prix Robert-Cliche du premier roman. L’écrivaine montréalaise Laura Nicolae offre à ses lecteurs un portrait lumineux, authentique et émouvant de la Roumanie, son pays natal, à l’époque communiste. Elle dévoile la résilience de communautés tissées serrées, où la bonté et la générosité et la protection de l’identité culturelle trouvent le moyen de survivre malgré l’oppression. 

Laura Nicolae publie son premier roman, «Rue Escalei», chez VLB Éditeur.
Laura Nicolae publie son premier roman, «Rue Escalei», chez VLB Éditeur. © VLB Éditeur

Laura Nicolae a été très surprise d’apprendre qu’elle avait remporté ce prix. «Sur le coup, je n’ai pas réussi à dire grand-chose. J’avais la chair de poule! Je ne m’attendais pas à ce qu’une histoire qui se passe en Roumanie puisse faire autant d’effet à un jury», a-t-elle commenté, en entrevue.

«Après, j’ai appris que, parmi les éditeurs de VLB qui ont trié les manuscrits, il y avait Marie-Hélène Poitras. Et moi, en tant que prof, j’enseigne Marie-Hélène Poitras! Après, j’ai appris que la présidente du jury était la regrettée Caroline Dawson. Ça m’a fait beaucoup d’effet.»

Une enclave à Bucarest

Rue Escalei se déroule en pleine guerre froide, dans un havre de verdure d’un coin paisible de Bucarest. On y vit comme dans une enclave, à l’abri des bouleversements du siècle, en s’échangeant les nouvelles du jour lors des visites chez les voisins, les amis, la parenté. La vie suit son cours, jusqu’à l’été 1975, où quelqu’un attaque le fonctionnaire Spiridon Popescu et son chien.

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Une culture latine avant tout

Laura Nicolae, née en Roumanie, fait découvrir son pays natal, les gens, la vie quotidienne dans les années 1970, les coutumes. «Le but que je m’étais fixé était de faire connaître un pays à travers un été caniculaire, à travers des personnages qui apprécient certaines odeurs, certaines saveurs. Finalement, c’est ça qui nous ancre dans une culture. Un paysage, certains plats, certaines façons d’interagir avec la famille, avec les voisins.

«J’ai choisi un mois qui parle beaucoup de l’atmosphère de mon pays, qui est un pays du Sud, quand même. En général, dans le monde, on voit la Roumanie comme un ex-pays du bloc soviétique. Mais on oublie qu’on est des Latins», fait-elle remarquer.

«On ressemble beaucoup aux Italiens. On a une langue latine, on a une culture latine, on a une façon latine de s’exprimer, dans la gestuelle, qui vient du Sud. On aime beaucoup faire la fête. On est très sociable. Mais on ne nous connaît pas comme ça! Et puis on aime beaucoup être dans notre jardin, entouré par la famille, par les amis et passer des moments paisibles.»

Sa Roumanie à elle

Arrivée au Québec il y a une vingtaine d’années pour faire des études à l’Université Laval en Lettres québécoises, Laura Nicolae avait envie de mettre sur papier sa Roumanie à elle. Elle s’est inspirée de l’histoire de ses grands-parents : ses deux grands-pères étaient des vétérans de la Deuxième Guerre mondiale.

«Ce que je voulais faire surgir, c’était plutôt la façon de vivre de ces gens-là, de construire leur propre culture en parallèle avec le discours dominant, qui était justement celui des autorités communistes.»

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Des valeurs

Elle voulait aussi montrer comment certaines belles valeurs, comme l’amitié, l’entraide, la joie de vivre survivent même quand on traverse des conditions sociales et politiques difficiles, des crises économiques qui apportent une certaine difficulté de vivre. «Autrement dit: comment on fait pour rester humain, peu importe les conditions dans lesquelles on est mis.»

L’écrivaine a vécu la période de transition et la fin du régime communiste quand elle était jeune. «J’ai beaucoup réfléchi sur ce que veut dire la liberté de parole et la liberté d’écriture.»

Laura Nicolae habite au Québec depuis une vingtaine d’années et enseigne la littérature au niveau collégial.
Laura Nicolae habite au Québec depuis une vingtaine d’années et enseigne la littérature au niveau collégial. Ben Pelosse / JdeM

Rue Escalei

Laura Nicolae

VLB Éditeur

408 pages 

  • Laura Nicolae est née à Bucarest et vit à Montréal. 
  • Elle enseigne la littérature au niveau collégial. 
  • Elle a reçu le prix Robert-Cliche du premier roman 2024 pour Rue Escalei. 

Depuis 1979, le prix Robert-Cliche récompense annuellement l’auteur.e d’un premier roman soumis de façon anonyme à un jury composé de trois personnalités du monde littéraire. Il s’agit d’un concours sans restriction de genre. En plus de voir leur roman paraître chez VLB éditeur, les lauréats reçoivent une bourse de 10 000 dollars, offerte par Québecor. Cette année, le jury du prix Robert-Cliche était présidé par la romancière Caroline Dawson, secondée par Anne-Frédérique Hébert-Dolbec, journaliste au Devoir, et par Mike Vienneau, de la librairie Monet.

«Depuis que Spiridon Popescu avait été retrouvé inconscient, Andrei devait avertir ses grands-parents chaque fois qu’il quittait la cour. Plusieurs de ses amis étaient également consignés à la maison et ce n’est qu’à travers les trous de la clôture qu’il pouvait leur parler. En plus, Gabriela le surveillait. Elle notait ses va-et-vient dans un carnet, pour pouvoir le dénoncer ou lui demander des faveurs en échange de sa discrétion.» 
- Laura Nicolae, Rue Escalei, VLB Éditeur 

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