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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

L’attitude qui menace le PQ

Tous ceux qui doutent de la stratégie de PSPP sont-ils des traîtres à la nation?

Régis Labeaume, ovationné par les nationalistes, conspué par le PQ, écrit Mario Dumont.
Régis Labeaume, ovationné par les nationalistes, conspué par le PQ, écrit Mario Dumont.
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Photo portrait de Mario Dumont

Mario Dumont

2025-07-19T04:00:00Z
2025-07-19T04:10:00Z
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J’ai eu le privilège d’assister à la magnifique cérémonie d’hommage national dédiée à Serge Fiori. On a célébré évidemment le génie de l’artiste et l’authenticité de l’homme. Mais les discours ont inévitablement souligné l’amour de Fiori pour la nation québécoise et son rêve indépendantiste.

Moment particulièrement fort lorsque Régis Labeaume a pris la parole. Dans son style simple et direct, il a parlé de Fiori, de leur amitié, de leur côté gamin, de leur sensibilité. Un discours humain et bien senti, puis tout à coup cet énoncé politique: «Tu nous auras quittés, avec toujours en toi cette immense soif de liberté politique pour les Québécois».

À la dernière syllabe, la foule avait enlevé le crachoir à l’ex-maire de Québec. Des applaudissements nourris se sont mélangés à des cris d’approbation. L’ovation s’est prolongée jusqu’à ce que dans une deuxième vague d’énergie, la foule (pas toute) se retrouve debout.

Fiori à travers Labeaume, Labeaume à travers Fiori, ce duo dont un seul a encore sa voix venait de faire lever la salle Wilfrid-Pelletier. Labeaume a pris sa retraite de la politique depuis un certain temps, il ne court pas après les tribunes, mais il a encore de l’intensité et du mordant.

L’ennemi Labeaume?
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Pendant l’ovation, je me suis rappelé une chose curieuse. Ce Régis Labeaume, qu’on ovationne pour son hommage à Fiori et à la liberté politique, a fait l’objet d’une étonnante attaque en règle du PQ en avril dernier.

Dans une lettre ouverte, la députée péquiste Catherine Gentilcore attaquait vivement Labeaume, le plaçant dans le camp de la résignation et, en filigrane, dans le camp des vieux finis qui devraient se tasser du chemin. Régis Labeaume était bizarrement devenu un ennemi public du Parti Québécois.

Pourtant, ses états de service dans le mouvement souverainiste sont connus. Il a voulu être candidat du PQ, il a donné un coup de main au Bloc et au PQ avant de se lancer à la mairie.

Quel était donc son péché au printemps dernier pour mériter cette fessée publique avec la tapette à mouches fleurdelysée? Il a critiqué le PQ. Surtout, il a remis en question la sagesse pour le chef péquiste de s’enfermer dans un carcan référendaire. Dans son langage coloré, il a qualifié de kamikaze l’idée de promettre inflexiblement un référendum alors que l’option souverainiste tourne autour des 33%.

Pas de critique SVP

Ce genre de critique ne passe plus au PQ. Labeaume a basculé dans le camp des vilains. Je lance une idée: se pourrait-il que Régis Labeaume voue une loyauté indéfectible au Québec et qu’il s’inquiète sincèrement des conséquences d’un troisième référendum perdant? Que son expérience politique l’amène à un appel à la lucidité?

On a mis quelqu’un au monde, on devrait peut-être l’écouter.

Le PQ trône au sommet des sondages, OK. Mais son avance demeure fragile et son projet indépendantiste piétine. L’attitude suffisante et messianique du PQ, qui peut se permettre d’écarter ainsi les gens, pourrait coûter cher.

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