Lashkar-e-Toiba, le groupe terroriste que l’Inde affirme combattre au Pakistan


Gabriel Ouimet
L’Inde accuse le Pakistan de soutenir le groupe terroriste Lashkar-e-Toiba, soupçonné d’avoir orchestré l’attaque terroriste qui a fait 26 morts au Cachemire indien, le 22 avril dernier. Voici tout ce qu’il faut savoir sur cette organisation extrémiste et ses liens présumés avec le gouvernement pakistanais.
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Fondé au Pakistan dans les années 1980, le groupe islamiste extrémiste Lashkar-e-Toiba vise à libérer le Cachemire de l’emprise du gouvernement indien, qui contrôle plus de 50% du territoire.
Le groupe prône aussi l’établissement d'un califat islamique mondial et la reconquête des terres islamiques «perdues».
Comme l’a souvent mentionné son dirigeant, l’émir Hafiz Muhammad Saeed, l’objectif ultime du groupe est l'éclatement de l'Inde telle qu’on l’a connaît.
Derrière plusieurs attentats
Lashkar-e-Toiba a mené de «nombreuses opérations terroristes» contre des cibles militaires et civiles en Inde depuis 1993.
Des attaques contre des trains de banlieue en juillet 2006 et un attentat contre le parlement indien en décembre 2001 ont notamment été imputés au groupe, selon le Conseil de sécurité des Nations unies.
L’organisation a toutefois acquis sa notoriété mondiale en novembre 2008, après avoir perpétré une série d’attentats à Bombay, la capitale économique de l’Inde.
Les terroristes ont assiégé la ville pendant plus de 60 heures et ont pris des touristes en otage dans un grand hôtel de la métropole. Ils s’en sont aussi pris à un centre culturel juif et à des symboles de l’influence internationale grandissante de l’Inde.
L’opération a fait 166 morts et plus de 300 blessés.
Les aveux d’un des assaillants ont permis d’établir des liens entre l'attentat et le Pakistan.
L’organisation est maintenant désignée comme groupe terroriste par de nombreux pays, dont le Canada et les États-Unis.
Soutenu par le gouvernement pakistanais?
Le gouvernement indien accuse le Pakistan d’avoir aidé Lashkar-e-Toiba à planifier les attaques du 22 avril dernier.
Le Pakistan nie catégoriquement ces accusations, mais des doutes persistent.
Dans le passé, le gouvernement pakistanais a ouvertement affirmé que le soutien à des groupes terroristes constituait une stratégie de défense fructueuse. Par exemple, après le retrait des troupes soviétiques de l’Afghanistan, à la fin des années 1980.
Par ailleurs, il existe plusieurs preuves que le Pakistan a soutenu des groupes islamistes associés à Lashkar-e-Toiba depuis le milieu des années 1990, indique le Centre d'études internationales et stratégiques (CSIS).
Les liens actuels entre l’organisation terroriste et les institutions pakistanaises, comme l’armée et les services de renseignements, demeurent cependant compliqués à définir.
Officiellement, Lashkar-e-Toiba et ses organisations connexes sont interdites au Pakistan depuis 2002.
Le dirigeant du groupe a été arrêté en 2019. Il purge une peine de 31 ans d'emprisonnement dans une prison pakistanaise pour financement du terrorisme.
Islamabad demeure toutefois tolérant envers certains groupes affiliés à Lashkar-e-Toiba.
Juste avant son interdiction, Lashkar-e-Toiba aurait créé l’organisme caritatif Jamaat ud-Dawa, qui n’est pas considéré comme terroriste par le gouvernement.
Les Nations unies et les États-Unis ont cependant qualifié cette distinction entre Lashkar-e-Toiba et Jamaat ud-Dawa de «cosmétique», précisant qu’il s’agit en fait de la même organisation.
- Avec les informations du Guardian et New York Times